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sur la croix, et l’on alla jusqu’à raconter que le cœur de diverses stigmatisées était percé à jour. C’est ce que les théologiens ont appelé le vulnus divinum. L’auteur de la Mystique chrétienne, M. J. Goerres, a recueilli un grand nombre de ces miracles. L’histoire de Cécile de Nobili, qui vivait à Nuceria en Ombrie, vers 1665, démontre suffisamment le caractère tout naturel et purement maladif d’un pareil stigmate. Cette religieuse éprouvait en effet, dès son enfance, les palpitations les plus violentes et des constrictions de cœur qui finirent par l’enlever dans sa vingt-cinquième année. Quelques marques, quelques lésions observées après la mort sur le cœur de saints personnages suffisaient d’ailleurs aux dévots pour qu’ils y reconnussent la figure symbolique de la plaie du Sauveur ou l’image de son supplice. À ce sujet, on peut citer le miracle des miracles qui fit tant de bruit à Rome. On crut voir sur le corps du bienheureux Jean Yepès, dît Jean de la Croix, qui avait été exposé dans un monastère de Ségovie, les figures du Sauveur, de la Vierge et des saints, empreintes merveilleuses que n’apercevaient que ceux qui avaient la foi, car d’autres moins prévenus tentèrent en vain d’être témoins du prodige.

Tels sont les faits principaux qui se rattachent à l’histoire de la stigmatisation, considérée comme phénomène physique se produisant sous l’empire de l’exaltation religieuse. La folie humaine a malheureusement aussi son rôle dans les étranges visions que provoque le mysticisme, et c’est ce rôle que la vie de quelques extatiques représente avec une netteté singulière.


II.

Le don des stigmates répondait plus encore qu’aucun des autres présens de la grâce à ce besoin de mortification et d’ascétisme qui a de tout temps travaillé certaines âmes. La souffrance a pour les caractères énergiques et fortement trempés une sorte d’attrait, un genre de séduction particulier, car elle leur fournit un moyen de montrer leur résignation et d’exercer leur vertu; elle leur donne accès à des mérites qui dans une vie calme et douce leur fussent demeurés fermés; elle les relève à leurs propres yeux en les rendant plus dignes de la Divinité, en les rapprochant davantage de la source infinie et du type accompli de tous les mérites. C’est là le secret de l’influence prodigieuse qu’exerce sur certaines personnes la méditation de la passion du Christ. Quoi de plus glorieux et de plus consolant à la fois, pour ceux qui cherchent Dieu par le chemin des souffrances et des misères, que cette marque sensible imprimée sur notre être charnel, et qui semble témoigner que les souffrances endurées pour son nom et pour sa gloire lui ont été agréables ? La vie