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qu’opales montées en bagues, pendans d’oreilles d’un travail compliqué, boucles d’or, etc. ; mais le squelette n’avait pas de couronne d’or.

Indépendamment de ces trouvailles, ces fouilles, abandonnées et reprises à diverses fois, ont amené la découverte d’une grande quantité de menus objets tels que médailles de bronze et argent, bijoux en or et pierreries, instrumens en ivoire, figures de bronze, albâtre et terre cuite massive, animaux en pierre dure, bronze et argent, amulettes, vases en albâtre, sphéroïdes, cônes et disques en pierre dure, vases ou fioles en verre doré grecs, persans ou chaldéens ; verreries et verroteries, cylindres en pierre dure, terres cuites fines avec inscriptions, petits objets usuels, gâteaux en terre cuite, dont l’un contient un contrat babylonien ; pierres noires, fragmens de poterie avec des inscriptions cunéiformes offrant plusieurs styles différens, et qui ont déjà exercé la pénétration de M. Oppert et du colonel Rawlinson. Il faut ajouter à ces objets un grand nombre de briques avec inscriptions, dont quelques-unes sont absolument nouvelles, d’autres remarquables, soit par des variantes précieuses pour le philologue, soit par une rare netteté de l’empreinte[1].

D’autres résultats de la mission, moins saisissables peut-être pour la foule, mais sur lesquels MM.  Fresnel et Oppert ont droit d’insister, c’est ce que l’on pourrait appeler les résultats scientifiques. Leur séjour prolongé à Hillah et sur le sol de Babylonie a mis en effet M. Oppert à même de dresser la carte la plus exacte de la ville et de la contrée environnante, d’étudier plusieurs questions, souvent controversées, pendantes depuis plus d’un siècle, dont le haut intérêt ne saurait être méconnu, et de les résoudre en parfaite connaissance de cause, c’est-à-dire de visu, la toise ou le graphomètre à la main.

Tels sont les travaux de l’expédition française. On n’en peut méconnaître l’importance, mais la curiosité était vivement excitée ; l’imagination marche vite lorsqu’il est question de Babylone, et l’on attendait beaucoup plus. Toutefois il ne serait pas exact de dire, comme on l’a fait, que cette expédition ait complètement échoué. Il est plus juste de reconnaître qu’elle a fait ce qu’il était humainement possible de faire, et qu’elle a obtenu à peu près les seuls résultats qu’on était en droit d’attendre, eu égard aux moyens mis à sa disposition.

Divers reproches ont été adressés au chef qui la dirigeait. Le plus sérieux est de n’avoir opéré en quelque sorte que sur le sol de Babylone et de n’avoir pas étendu son exploration à d’autres localités, — Particulièrement à Niffar et à Warkah, deux points du Bas-Euphrate, qui promettaient, à ce que l’on croyait, une riche moisson archéologique. Ce reproche nous paraît grave. Aussi M. Fulgence Fresnel s’est-il vivement défendu contre cette accusation. Nous citerons avec quelque étendue, comme propres surtout à compléter les notions que nous avons recueillies sur Babylone et les villes ruinées du

  1. Cette collection, qui, — M. Fulgence Fresnel nous l’assure, — ne craint le parallèle avec aucune autre formée dans le même lieu, remplit quarante caisses pesant environ 2,000 kilogrammes, et va être prochainement dirigée sur Paris. L’un de ses principaux mérites et celui sur lequel M. Fulgence Fresnel paraît surtout insister, c’est la complète certitude de son origine babylonienne, car elle a été formée tout entière d’objets recueillis ou d’acquisitions faites sur l’emplacement même de la ville chaldéenne.