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LA
MISSION DE BABYLONIE
ET L’ART BABYLONIEN


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Dans les derniers mois de l’année 1831, deux missions archéologiques étaient instituées, l’une pour explorer la Haute-Mésopotamie, l’autre pour visiter le territoire où s’élevait autrefois Babylone. En suivant M. Place au milieu des fouilles de Ninive, nous avons déjà fait connaître les résultats de la première de ces missions[1]. La seconde, celle de Babylonie, placée sous la direction d’un orientaliste distingué, M. Fulgence Fresnel, doit appeler à son tour notre attention : quelques découvertes intéressantes viennent en effet de couronner ses recherches. Nous ne nous bornerons pas d’ailleurs à raconter, d’après les relations des explorateurs eux-mêmes, les travaux de la mission de Babylonie. Pour faire apprécier le vrai caractère des services rendus par M. Fresnel et ses compagnons de voyage à l’histoire de l’art, il importe de bien définir à la fois le théâtre où ils avaient à opérer et la nature des problèmes qu’ils avaient à résoudre. Un coup d’œil jeté sur l’histoire de la Babylonie et sur l’état actuel de son territoire doit donc précéder naturellement le récit de l’excursion dont l’ancien empire de Sémiramis et de Nabuchodonosor vient d’être le but.


I.

« Babylone semblait être née pour commander à toute la terre. Ces peuples étaient pleins d’esprit et de courage. De tout temps, la philosophie régnait parmi eux avec les beaux-arts, et l’Orient n’avait guère de meilleurs soldats que les Chaldéens. » Bossuet, dans ce peu de mots, nous fait connaître

  1. Voyez la Revue du 1er  avril 1853.