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LES


BUVEURS D’EAU


SCENES DE LA VIE D’ARTISTE.





III.


LAZARE.





I. — LA GRAND’MÈRE.

La lutte contre la misère n’était pas toujours la pire des épreuves pour les jeunes gens que nous avons vus former l’association des Buveurs d’eau[1]. Quelques scènes nouvelles de leur histoire montreront ce que les membres de cette association exclusive avaient à souffrir quand ils voyaient le monde étendre parmi eux son influence en dépit des barrières qu’ils s’étaient flattés de lui opposer. Le conflit de leur fierté avec des convenances jusqu’alors méconnues, les relations délicates qui s’établissaient entre les jeunes artistes et certains amis devenus pour eux des protecteurs, composent un douloureux chapitre dans cette vie exceptionnelle dont nous n’avons pas encore retracé les plus tristes aspects.

Revenons un moment à deux personnages qui ont déjà figuré dans ces récits. Quelques détails sur leur intérieur peuvent servir de prologue à des scènes dont l’orgueil, aux prises avec des nécessités impitoyables, formera le principal lien.

A l’époque où Antoine et son frère Paul avaient pris le parti de quitter leurs parens pour suivre en liberté leur vocation, ils avaient

  1. Voyez les premiers épisodes de cette série dans la Revue du 15 novembre 1853, du 15 mars et 1er avril 1854.