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en blanchissant à la chaux le tronc et les grosses branches de ces arbres. Cette expérience lui avait été suggérée par ce qui avait été dit dans cette Revue de l’influence de la couleur des surfaces sur le rayonnement. Non-seulement les oliviers ainsi blanchis ont très bien résisté à la gelée, mais ils ont été bien moins sensibles aux effets de la sécheresse et ont conservé leurs feuilles vertes, tandis que d’autres oliviers non blanchis les avaient toutes desséchées et pour ainsi dire grillées par la sécheresse prolongée.

Tout porte à croire que nous sommes rentrés dans le cours ordinaire des phénomènes de transport des masses d’air, de chaleur et d’humidité qui sont habituels à notre climat, à nos régions et aux diverses localités qu’elles comprennent. Il n’y a donc pas lieu, comme le pensaient plusieurs personnes, à changer de mode de culture et à modifier les habitudes de la vie moyenne. Ce n’est d’ailleurs qu’aux influences météorologiques sérieusement étudiées qu’il appartient de déterminer le meilleur régime à suivre sous ce double rapport.


I.

On a dit depuis longtemps que la santé était un bien dont on ne connaissait le prix que quand on ne le possédait plus; mais s’il est des circonstances occultes compromettantes pour la santé, ce sont en première ligne les influences météorologiques. Tout le monde perçoit immédiatement les impressions agréables ou pénibles de la chaleur et du froid; mais on ne se rend pas aussi bien compte de l’influence de la pression de l’air indiquée par le baromètre. Quand le temps est chaud avec le baromètre bas, on dit ordinairement qu’il fait un temps lourd. C’est le contraire qui a lieu, puisque l’abaissement du baromètre indique un moindre poids dans l’air; mais on prend un affaissement des forces physiques pour l’effet produit par une augmentation imaginaire du poids de l’air. Il est facile de voir qu’en respirant alors un air dilaté par la chaleur et par une pression moindre, on fait passer par les poumons, à chaque inspiration, une quantité d’air moindre que dans l’état normal de l’atmosphère, et qu’il doit s’ensuivre une débilitation des forces analogue à ce que l’on éprouve dans l’air embrasé des déserts sablonneux ou bien dans l’atmosphère raréfiée des hautes montagnes. Le remède se trouve facilement dans les parfums et les boissons aromatisées. On sait que dans l’ascension du Mont-Blanc par Saussure, ses guides nombreux, montagnards grossiers, cessèrent à une certaine élévation de boire et de manger pour reprendre des forces, l’eau-de-vie même ne leur convenait plus : ils demandaient de l’eau de Cologne; et dans l’excursion de Caillié à Tombouctou, lorsqu’au milieu du désert l’eau tiédie n’offrait plus aucun soulagement à la caravane, les voyageurs furent tirés d’affaire par des boites de pastilles de menthe qui se trouvèrent dans leur approvisionnement.

Mais c’est surtout l’humidité de l’air qui joue un rôle important dans l’hygiène d’une localité. Rappelons d’abord que sur onze parties de nourriture que l’on prend en alimens solides ou liquides, il y en a huit qui se dissipent