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transmettra la lumière d’une flamme rouge et éteindra celle d’un feu vert, et en général il sera transparent ou opaque pour des lumières de coloration semblable à la sienne ou différente. Melloni suppose que les lames sont thermocolorées pour la chaleur comme les vitraux sont colorés pour la lumière, et dès lors elles doivent être perméables aux chaleurs de même thermochrose qu’elles et infranchissables aux sources dont la coloration calorifique est opposée.

Nous n’avons voulu que résumer succinctement ces principes sans suivre l’auteur dans l’examen particulier des effets de chaque substance sur chaque source calorifique; mais ses mémoires contiennent une telle accumulation de preuves, que s’il est possible de reprocher quelque chose à Melloni, c’est de les avoir trop multipliées. Nous citerons cependant quelques vérifications que ces idées théoriques ont inspirées, et qui les justifient de la manière la plus heureuse.

Quand la lumière du soleil est reçue sur un verre rouge, elle se dépouille dans son passage de tous les rayons de coloration contraire, subit un affaiblissement considérable et se réduit, quand elle sort, à un faisceau qui renferme tous les rayons rouges de la lumière incidente; or ceux-là sont aptes à traverser un second et un troisième verre de même espèce sans y être éteints. Cette action peut être grossièrement assimilée au tamisage d’une poudre à travers plusieurs toiles identiques : la première retient les fragmens de grosse dimension, et les grains qui la traversent passent aussi à travers toutes les autres. Il y avait longtemps que Delaroche avait prouvé le même résultat pour la chaleur. Celle qui a traversé une première lame de verre passe plus aisément à travers une seconde et une troisième.

Toutefois, si on vient à superposer deux verres rouge et vert, on constitue un ensemble que la lumière ne peut franchir, car le second éteint ce que le premier transmet : ainsi dans la chaleur on peut réunir un morceau d’alun et un cristal de roche noir, et tous deux forment un système impénétrable aux rayons calorifiques.

Voilà certes et des expériences complètes et une discussion bien approfondie. S’il est vrai de dire qu’Herschel et Melloni se sont ren- contrés sur le même sujet pour arriver à des résultats généralement concordans, ce qui enlèverait à Melloni le mérite de l’invention, il faut au moins accorder à celui-ci la supériorité que prennent des expériences précises sur des essais approximatifs; il faut en outre remarquer qu’Herschel est loin d’avoir déduit de ses observations toutes les conséquences qu’elles renfermaient. — Après avoir été éclairés par la vive lumière qu’a répandue Melloni sur ces phénomènes compliqués, nous trouvons dans les résultats d’Herschel tous les élémens de la discussion précédente, et nous inclinons