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précisément leur coloration; c’est en la nommant que l’on spécifie et que l’on fait connaître l’espèce particulière de lumière simple que l’on veut désigner.

Si après le soleil on étudie les flammes ou les lumières quelconques envoyées par les objets, on les trouve encore composées des mêmes rayons élémentaires, séparables par le prisme; mais ce qui les distingue de la lumière blanche, c’est qu’elles ne renferment pas les mêmes proportions de couleurs simples; il est des lumières qui envoient un excès des élémens rouges, elles apparaissent avec une teinte dominante rouge; d’autres sont vertes ou bleues quand elles émettent des proportions excessives de ces teintes, et en général, quand une couleur domine dans le mélange des rayons simples envoyés à l’œil, son effet domine dans l’impression. C’est à ces différences dans la composition élémentaire de la lumière totale qu’il faut attribuer la coloration des flammes de Bengale, des fusées d’artifice, des feux colorés que la chimie nous enseigne à préparer, et en général des lumières envoyées par les fleurs ou les objets peints.

Après cet exposé des phénomènes lumineux, Melloni se laisse guider par les analogies : il admet que les élémens calorifiques sont, comme les élémens lumineux, en nombre infini, et qu’ils diffèrent l’un de l’autre par un caractère analogue à la couleur, et qu’il nomme thermochrose ou coloration calorifique, qualité que nous percevrions indépendamment de la lumière, si un organe particulier nous était donné. Quant aux divers foyers de chaleur, ils émettront des faisceaux de rayons diversement composés d’une infinité de rayons élémentaires, mais dans lesquels se trouveront en proportion dominante certains rayons d’une thermochrose particulière, et ces différentes constitutions des flux émanés de diverses sources expliqueront aisément les diverses propriétés qu’ils présentent.

Pour reconnaître l’exactitude de ce rapprochement, il suffit d’étudier l’effet optique des verres colorés. Si l’on place un verre rouge devant les yeux, tous les objets extérieurs deviennent rouges; si on interpose un verre bleu, ils prennent une couleur bleue, et quand on observe le passage des rayons du soleil à travers une fenêtre garnie de vitraux colorés, on les voit sortir avec la couleur propre à chacun des verres qu’ils ont traversés. C’est que ces verres ne transmettent pas avec une égale facilité tous les élémens de la lumière solaire. Il en est qui absorbent tous les rayons, à l’exception du rouge, d’autres qui éteignent toutes les couleurs qui ne sont pas vertes : chacun d’eux choisit dans une radiation multiple certains rayons amples qu’il transmet et certains autres qu’il arrête, et par suite le faisceau qui était blanc au moment de-son entrée est coloré à l’instant de sa sortie. Il arrivera ainsi qu’un verre rouge