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comparaison de ces deux époques que l’on juge avec connaissance de cause les résultats qu’on lui doit et le rôle qu’il a joué; c’est alors que l’on classe l’homme en appréciant les progrès qu’il a déterminés et les idées qu’il a répandues. Nous savons maintenant où en était la chaleur rayonnante quand arriva Melloni.


II.

Melloni naquit à Parme; il y fit ses études avec succès et montra dès ses premières années pour les sciences physiques un goût qui était une vocation. Il raconte lui-même que le spectacle de la nature, où d’autres ne trouvaient à son âge qu’un sujet de poétique contemplation, éveillait en lui le désir d’en connaître et d’en expliquer les lois. Le rôle que joue la chaleur excitait avant tout sa curiosité; l’écolier se posait des problèmes sur la fonction de cet agent dans le mécanisme du monde, et comme il n’en trouvait point la solution dans les ouvrages qu’il lisait, il ne cessait de la chercher dans ses méditations. C’est ainsi qu’il préludait aux occupations qui remplirent sa vie, s’abandonnant dès le jeune âge à une de ces impulsions providentielles dont on connaît, dont on a cité tant d’exemples.

Tout jeune encore et quand il quittait les bancs de l’université, Melloni reçut de ses maîtres, comme un témoignage de leur estime et une preuve des espérances qu’il faisait naître, l’honorable mission de professer la physique aux lieux mêmes où il l’avait apprise. L’histoire des sciences nous montre quelquefois des hommes à chaque instant détournés de leur but par les occupations que la société leur impose. Melloni n’eut point ce malheur; les devoirs de sa position étaient ses plus chers plaisirs, et les travaux qu’elle lui imposait le ramenaient sans cesse vers les méditations qu’il s’était choisies. Il profita de ses premiers loisirs pour commencer des expériences; mais il avait avant tout le goût et pour ainsi dire le besoin de la précision. Les appareils thermométriques qu’il avait à sa disposition ne satisfaisaient point ces tendances : il interrompit ses recherches et attendit.

Il y avait alors à Reggio un physicien éminent, c’était Nobili. Il avait une réputation européenne, et la méritait; il ne connaissait pas la jalousie trop souvent reprochée aux adeptes de la science, ni cette personnalité envieuse qui voit un ennemi dans chaque élève qui se fait célèbre. Il entretenait obligeamment une correspondance avec Melloni, l’encourageait en le conseillant, recevait l’avis de ses découvertes, qu’il publiait quelquefois lui-même en leur donnant le poids de son autorité et les faisant valoir par des éloges complaisans. Bientôt, l’abandon du disciple provoquant la confiance du maître, Melloni fut à son tour instruit des recherches de Nobili, et dans cet échange mutuel de confidences scientifiques, il apprit la découverte