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lumière dont Herschel et Ampère signalèrent les premiers l’importance. Raconter les travaux du savant italien, c’est retracer une des plus remarquables évolutions de la physique moderne, et pour la faire comprendre, il importe de montrer où en était avant Melloni la science de la chaleur et de la lumière. L’histoire générale d’abord, puis les faits nouveaux qui la complètent, telles sont les deux parties du sujet que nous avons à traiter ; telles seront aussi les divisions de cette étude.


I.

Pour faire mieux apprécier l’intérêt qui s’attache aux recherches poursuivies depuis un demi-siècle sur les phénomènes de la chaleur et de la lumière, il faut rappeler d’abord quelques faits généraux et quelques expériences bien connues. Le soleil verse sur la surface de la terre des rayons de lumière et des rayons de chaleur : les premiers sont appréciés par nos yeux, les seconds sont rendus sensibles par l’impression générale qu’ils développent sur nos organes, par l’échauffement des corps qu’ils rencontrent et par une multitude d’actions naturelles dont nous sommes les témoins.

Cette chaleur nous arrive en même temps que la lumière, car si un obstacle intercepte celle-ci, il arrête en même temps celle-là ; il est donc infiniment probable que les rayons calorifiques se propagent avec la vitesse des rayons lumineux, et qu’ils nous viennent du soleil en huit minutes et quelques secondes, après avoir parcouru environ quarante millions de lieues.

La chaleur et la lumière ont donc une origine commune et une vitesse égale de propagation ; elles ont encore d’autres ressemblances plus précises. — Recevons par exemple les faisceaux solaires sur un miroir concave de verre étamé ou de métal poli : ils se réfléchissent et se concentrent en un point que l’on nomme le foyer ; l’œil y voit une lumière vive, et en même temps le thermomètre y accuse une très haute température, quelquefois même les combustibles y prennent feu. Nous apprenons par là que la chaleur se réfléchit avec la lumière, et que les deux rayonnemens ne cessent pas de s’accompagner.

On produit des résultats semblables avec un de ces verres lenticulaires dont on fait usage en optique. Les rayons solaires que l’on reçoit sur sa surface le traversent en s’inclinant sur leur direction primitive, et se dirigent vers un espace étroit où l’on trouve accumulées à la fois et la lumière et la chaleur. Si la lumière s’est réfractée, la chaleur a subi la même action et l’a suivie dans sa nouvelle direction. L’expérience prend plus d’intérêt et devient plus significative quand la lentille est taillée pendant l’hiver dans un large