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catalogue des cartes de détail dues à l’amirauté française et à l’amirauté anglaise, depuis la forme des côtes et les dangers enregistrés jusqu’aux sondages qui nous ont fait connaître presque en chaque point la profondeur des eaux et les habitans qui les peuplent à divers étages.

La cinquième partie est plus spécialement technique ; elle traite des longitudes et des positions géographiques, et se termine par une précieuse table des positions méditerranéennes, accompagnée de symboles indiquant pour chaque point les ancrages, les havres, les rochers, les dangers sous-marins, les écueils, les lieux où l’on doit se tenir sur ses gardes, les coups de vent qui peuvent menacer les navigateurs, la pente graduée ou escarpée de la côte, la nature du terrain qui la borde, les terres, les rochers, les bois qui sont en perspective, et même les bandes d’oiseaux qui fréquentent telle ou telle localité. À la suite des positions de l’auteur sont celles du capitaine Gauttier, de la marine française, qui a travaillé plus à l’est, et jusque dans la Mer-Noire et dans la Crimée. Le nom de M. Daussy, chargé par le bureau des longitudes de la partie géographique de la Connaissance des temps, se trouve honorablement cité dans cette partie du livre, aussi bien que ceux de MM. Deloffre et Mathieu. Ce dernier, actuellement parvenu au grade de contre-amiral et directeur du dépôt hydrographique de la marine française, est à la tête des travaux qu’exécutent nos ingénieurs géographes conjointement avec les officiers de cette marine. Nous retrouverons bientôt les déterminations de profondeurs obtenues, d’après ses instructions, en octobre 1854, entre la Sardaigne et l’Algérie française, ainsi que dans le détroit de Gibraltar.

Après avoir rendu justice à l’œuvre de l’amiral Smyth, nous devons mettre sous les yeux de nos lecteurs les notions générales qui nous paraissent de nature à les intéresser spécialement.

Ainsi que nous l’avons dit, la Méditerranée se divise naturellement en deux grands bassins séparés l’un de l’autre par les deux détroits que forme la Sicile, l’un dans le voisinage de Carthage, du côté de l’Afrique, l’autre entre Messine et l’Italie. Le premier de ces bassins, qui est à l’occident, communique avec l’Océan par le détroit de Gibraltar, entre les deux escarpemens si célèbres dans l’antiquité sous le nom de colonnes d’Hercule ; mais comme le courant porte continuellement les eaux de l’Atlantique dans la Méditerranée, cette mer est privée de toute issue extérieure, comme si l’on eût fermé le fameux détroit entre l’Espagne et l’Afrique. Le second bassin ou bassin oriental est deux fois le premier en étendue, si l’on y comprend l’Adriatique et l’Archipel ; il reçoit au nord les eaux de la Mer-Noire, qui est un accessoire considérable, par un courant assez rapide qui traverse le Bosphore et les Dardanelles, et porte les eaux du Pont-