départemens, soit par les administrations municipales. L’ensemble ne s’élève pas à moins de 275 à 300 millions par année.
La situation ne comporte plus évidemment de tels sacrifices. La disette ne frappe plus à notre porte, et il ne s’agit plus de trouver un emploi profitable ou non pour les bras inoccupés. Les seuls travaux qu’il convienne d’encourager fortement aujourd’hui sont les travaux agricoles. De ce côté nous avons un long arriéré à solder, de ce côté apparaît désormais l’avenir de la richesse ; par-là nous augmenterons réellement le bien-être en améliorant les mœurs. Pour les travaux d’embellissement, nous avons du temps de reste. Les villes comme les particuliers ne doivent les entreprendre que lorsque leurs caisses regorgent d’argent, et lorsque leurs économies ne peuvent pas recevoir une meilleure destination.
Parmi les villes qui entreprennent de grands travaux et qui se livrent à de vastes opérations de crédit, Paris figure en première ligne. En le rappelant ici, je n’entends pas exprimer un blâme. Il m’appartiendrait moins qu’à tout autre de m’ériger en censeur d’une tendance d’ailleurs généreuse, après avoir eu l’honneur de proposer à l’assemblée législative, au nom du gouvernement, les lois qui ont décidé et rendu possible l’exécution des halles centrales et de la rue de Rivoli. L’intérêt de la paix publique autant que celui de la salubrité commandait de faire une large trouée à travers le quartier des barricades. L’air et la lumière y pénètrent aujourd’hui ; j’aurais mauvaise grâce a me plaindre de ce que la combinaison de 1851 a du succès et détermine de nouvelles entreprises. Mais n’a-t-on pas embrassé trop de projets à la fois ? Les finances de la ville, si florissantes qu’on les suppose, ne vont-elles pas être excédées ?
Le revenu municipal est en progrès : en 1853, il a dépassé 55 millions ; l’emprunt de 50 millions ne doit pas avoir été dépensé sans réserve, puisque l’on tient encore en projet la construction des balles centrales. Cependant ces ressources ne défraieront pas longtemps des budgets de 90 millions, comme celui que M. le préfet de la Seine a présenté pour 1854. Un nouvel emprunt sera bientôt nécessaire. Remarquez que l’on porte le marteau de la démolition partout à la fois. Des quartiers sont rasés entièrement comme dans une ville prise d’assaut. Nous avons passé l’hiver et le printemps au milieu des décombres : la circulation sur la voie publique était interceptée à chaque pas. Il s’agit évidemment désormais non pas d’assainir, non pas d’embellir, mais de transformer la capitale. Les abords du Louvre et des Tuileries, le bois de Boulogne et sa nouvelle chaussée, le boulevard de Strasbourg prolongé jusqu’à la Seine, le boulevard Malesherbes, la rue des Écoles, et bien d’autres créations dont l’énumération me conduirait trop loin, condamnent assurément la ville