Sans doute aussi des études sur la tragédie, sur la satire, sur l’éloquence sacrée, n’ont rien de bien nouveau. Toutefois ce qui les rajeunit pour nous, c’est qu’il est surtout question des tragiques, des satiriques, des prédicateurs italiens. Quant aux leçons où M. Paravia nous fait connaître quelques écrivains dont le nom est à peine parvenu jusqu’à nous, comment ne pas lui savoir gré de les avoir imprimées ? Sait-on bien en France qu’au XVIIIe siècle l’Italie a eu deux ou trois poèmes didactiques d’un mérite réel ? Zaccaria Betti écrivait alors sur le ver à soie ; Giambatltsta Spoverini sur la culture du riz ; Bartolommeo Lorenzi sur l’agriculture dans les pays montagneux. M. Paravia nous fait connaître avec impartialité les beautés et les défauts de ces trois poèmes, et les fragmens qu’il cite, s’ils ne donnent pas le désir de lire l’œuvre en entier, font du moins qu’on s’applaudit d’avoir lu l’analyse habile et les citations choisies qui peuvent nous en dispenser.
Sous ce titre : Carlo Alberto e il suo regno, M. Paravia s’est borné à réunir les discours officiels prononcés par lui-même à l’éloge du roi Charles-Albert. C’était un usage à Turin qu’à l’ouverture de l’année scolaire les deux professeurs d’éloquence fissent alternativement un discours de rentrée et l’éloge du prince régnant. Six fois dans l’espace de douze ans M. Paravia s’est donc vu obligé de se conformer à cet usage, dont le moindre inconvément n’était pas de forcer l’orateur à des redites ou à de bien maigres louanges, s’il ne voulait se répéter ou copier son collègue. On était réduit alors à louer le roi d’avoir institué un conseil d’état, promis un code, ouvert une galerie de tableaux, fondé une bibliothèque, une université, des hôpitaux, éclairé Turin au gaz, ou même, quand tout cela était dit, il fallait faire l’éloge des citoyens pour leur charité, de la ville ou du pays pour les beautés qu’ils renferment. Telles étaient les difficultés insurmontables d’un pareil sujet : M. Paravia a lutté contre elles avec courage, et par son élégante parole, par son éloquence académique, il a réussi quelquefois à les dissimuler, toujours à se faire applaudir. Ses discours réunis forment bien réellement l’histoire apologétique du règne de Charles-Albert. Ce prince n’avait maintenu un si singulier usage que par respect pour la tradition. Lorsqu’on 1847 il crut l’heure venue d’accomplir les réformes qu’il méditait, parmi tant d’améliorations plus importantes il n’oublia pas la suppression de cet éloge annuel, dont souffrait sa modestie. Libre désormais de choisir son sujet, M. Paravia fit encore, en 1849, l’éloge de Charles-Albert. L’infortuné monarque venait de perdre la bataille de Novare et de mourir à Oporto. Cette pieuse marque d’affection et de reconnaissance inspira heureusement le savant professeur : le discours de 1849 est le plus touchant et le plus éloquent de tout le recueil. Nous mentionnerons encore, comme animée d’une éloquence patriotique, l’oraison funèbre des guerriers morts à Novare : M. Paravia la prononça lui-même sous les voûtes de l’église. Ne se trouvait-il donc pas dans tous les états sardes un prêtre assez patriote, ou du moins assez chrétien, pour porter la parole de paix sur ces tombes fraîchement remuées, et comment le clergé a-t-il laissé à un laïque l’honneur d’une tache qui semblait n’appartenir qu’à lui seul ?
Après avoir rendu ainsi hommage au roi, M. Paravia crut devoir rendre hommage au Piémont, devenu son pays d’adoption ; ses Memorie Piemontese