au nom du roi et de leurs seigneuries, de ne pas pousser plus loin l’affaire, et de n’envoyer ni recevoir à l’avenir aucun cartel de combat avec le même adversaire. Herbert affirme qu’il obéit, et que même plusieurs années après, rencontrant sir John à Beaumaris, il arrêta ses gens qui le voulaient tuer, et lui fit dire qu’il pouvait se retirer sain et sauf. Il raconte d’ailleurs que son aventure avait eu assez d’éclat pour qu’il vît arriver peu après un gentilhomme chargé par le duc de Montmorency de lui offrir asile dans sa maison, où il serait reçu comme un fils.
Trois ans plus tard, la guerre toujours active entre l’Espagne et la Hollande le rappela dans les Pays-Bas. La succession de Clèves et Juliers était toujours en litige. Nassau et Spinola se disputaient les places des bords du Rhin. Herbert cette fois encore fut honorablement accueilli par le prince d’Orange, qu’il suivit à la prise d’Emmerick et de Rees. Il serait trop long de répéter les anecdotes caractéristiques dont il a semé son récit fort succinct de la campagne de 1614. Elles attesteraient cependant une singulière obstination à ne chercher à la guerre que d’inutiles combats individuels et à raconter ses hauts faits en ce genre avec une inaltérable bonne opinion de lui-même. Dès que les opérations militaires furent suspendues, il visita l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Il vit Venise, Rome et Florence, et il nous a laissé de cette course un curieux itinéraire, où il parle en homme qui aime la musique et ne songe pas à la peinture. À Rome, où un Anglais protestant était alors mal accueilli, il alla descendre au collège de sa nation, et demanda à voir le supérieur. « Je n’ai pas besoin, lui dit-il, de vous nommer mon pays, vous m’entendez parler. Je ne viens pas ici pour étudier la controverse, mais pour voir les antiquités de la ville. Si je puis avoir cette liberté, sans outrage pour la religion dans laquelle je suis né et j’ai été élevé, je serais charmé de passer ici le temps nécessaire, sinon mon cheval n’est pas dessellé, et je suis tout prêt à m’en aller. » Le supérieur était un grave personnage qui lui répondit que jusque-là il n’avait entendu personne professer une autre religion que celle de Rome, que pour lui il approuvait fort une franchise qui annonçait un homme d’honneur, qu’il ne pouvait d’ailleurs lui donner aucune garantie, mais qu’il savait par expérience que ceux qui n’outrageaient pas la religion catholique ne recevaient aucun outrage. Puis, ayant appris qu’il avait affaire à sir Édouard Herbert, il l’invita à dîner. Le protestant refusa, mais non sans le payer d’un petit compliment philosophique, en lui disant que les points sur lesquels ils étaient d’accord devaient plus les unir que ne les devaient diviser les points sur lesquels ils ne s’accordaient pas ; qu’il aimait, quant à lui, tout homme de piété et de vertu, et regardait les erreurs, de quelque côté qu’elles fussent,