cette vertu dans la composition des Gloriæ navales. À ce point de vue, mon travail aura tom-né à l’avantage du service. » Nous ajouterons, pour notre part, que les latinistes ne doivent pas en être moins satisfaits que les marins ; car si de notre temps l’apparition de l’hexamètre est déjà une rareté, on peut, à plus forte raison, compter parmi les phénomènes la résurrection du petit archiloquien et du petit asclépiade. L’emploi de ce rhythme antique dans des sujets tout modernes donne aux odes de M. de Grandpont un cachet d’originalité qui ne manque pas d’agrément. Le poète d’ailleurs manie fort habilement les mètres les plus rebelles ; il exprime toujours des sentimens généraux et patriotiques, et de plus, comme il a joint à son travail une foule de notes sur des événemens trop peu connus, il se fait lire avec plaisir par ceux qui s’intéressent à notre gloire maritime, et qui comprennent les petits asclépiades. Les odes sont au nombre de vingt-huit, et elles ont pour titre des noms de bataille, de marins ou de navires : Quesnœus, Bartas, Troinus, Standvaries, Bugvilla, Gallina Pulchra, Thovarsulus, Vindex, Burdius, etc., ce qui veut dire Duquesne, Jean-Bart, Duguay-Trouin, de Létanduère, Bougainville, la Belle-Poule, Du Petit-Thouars, le Vengeur, et Dubourdieu. Le poète, du reste, a eu la précaution de mettre en regard la traduction française de ces noms, car dans son livre le titre, par la force même des choses, est toujours ce qu’il y a de moins latin. Quant aux vers, ils sont fort agréablement tournés, et, pour emprunter une comparaison au sujet lui-même, on peut dire que M. de Grandpont a conduit heureusement sa barque à bon port sur une mer semée d’écueils.
À une époque où le journalisme est devenu pour les sciences, les lettres, les arts et l’industrie la forme la plus usuelle et la plus populaire des manifestations de la pensée, il était tout naturel que la philologie classique fût représentée d’une manière plus ou moins importante dans la presse quotidienne ou périodique. De ce côté, l’Allemagne nous a donné l’exemple : elle a convoqué des congrès de philologues et même de pédagogues ; elle a publié en latin des revues de l’antiquité classique, et sous ce rapport elle occupe un rang supérieur au nôtre. Il faut reconnaître que nous ne sommes pas non plus restés complètement en arrière.
En remontant aux premières années de la restauration, nous trouvons en France un recueil latin. Cette époque, on le sait, fut marquée par une renaissance classique que favorisa le goût bien connu du roi Louis XVIII pour la littérature romaine. Homme d’esprit et gastronome délicat, ce prince fut en même temps la première fourchette et l’un des meilleurs latinistes de son royaume. Il citait à tout propos des vers de Virgile et d’Horace, et l’un des moyens les plus sûrs de gagner ses bonnes grâces était de répondre par des citations de ces deux poètes aux passages qu’il avait répétés lui-même. Aussi les courtisans s’empressèrent-ils d’apprendre leurs classiques, et l’on assure qu’un ministre fut disgracié pour avoir dit que jamais il ne s’était occupé d’Horace. Cette renaissance du dactyle se manifesta jusque sur les transparens des fêtes publiques, et pendant quelques années le jour de la