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France pour toute l’année. — Ce que les grands fleuves de l’Inde entraînent de matières solides à l’océan pendant la saison des pluies formerait une masse territoriale égale à l’un de nos départemens.

Les races principales dont se compose la population sont aussi diverses que les aspects sous lesquels se présentent les grandes formes de la nature, les climats, les productions du sol. Les tribus distinctes par le langage, par les habitudes, par les croyances, par leur organisation sociale, sont innombrables[1]. Aussi M. Mill (l’un des employés supérieurs de la compagnie), dans sa déposition devant le comité de la chambre des lords (juin 1852), disait-il[2] : « L’Inde est un pays à part ; l’état de la société et de la civilisation, le caractère et les habitudes des populations, les droits généraux et spéciaux établis parmi elles, diffèrent totalement de ce qui est connu ou admis parmi nous. En fait, l’étude de l’Inde devrait être une profession distincte, comme celle de médecin ou d’homme de loi. »

Les tableaux statistiques, — Statistical Papers (India), — Publiés par ordre de la chambre des communes en avril 1853, contiennent un résumé de toutes les données officielles relatives à la superficie territoriale, à la population, au revenu foncier, aux travaux publics, aux cultures, à l’éducation des indigènes, etc. ; mais ces documens ne sont complets que pour certaines portions de l’empire, et en particulier pour les provinces du nord-ouest. Nous avons dû déduire les résultats généraux applicables aux quatre grands gouvernemens de la discussion des renseignemens fournis aux comités d’enquête, ou qui se sont produits dans le cours des débats parlementaires. Nous rappellerons, avant tout, que l’empire hindo-britannique affecte officiellement le caractère d’une confédération à la tête de laquelle est placée, comme protectrice et pouvoir dirigeant au nom de la Grande-Bretagne, la compagnie des Indes. L’ensemble des possessions territoriales se divise naturellement en deux grandes sections ou portions : le territoire appartenant en propre à la compagnie, le territoire possédé par divers princes indigènes. Cela posé, les états indigènes, aujourd’hui placés sous la protection de la compagnie, occupent une superficie de 717,126 milles anglais carrés, et comptent une population totale de 53,401,892 habitans. Les provinces anglaises couvrent une superficie d’à peu près 677,752 milles carrés, avec une population d’environ 100 millions d’habitans. En tout, en

  1. Les Statistical Papers (p. 40 et 41, texte et carte) énumèrent vingt et une langues ou dialectes principaux parlés dans l’Hindoustan. La langue hindoustany (dans ses formes hindi et ourdou, séparées ou combinées) est la plus universellement parlée ou comprise dans tout l’Hindoustan. Voyez sur l’importance toujours croissante, soit politique, soit littéraire de cette langue, le remarquable discours prononcé par M. Garcin de Tassy à l’ouverture de son cours à la Bibliothèque impériale le 29 novembre 1853.
  2. Minutes of Evidence before select committee of the house of lords (2 décembre 1852). Londres, in-fo, page 313.