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avez pris Monemvasie, Tripolitza, Corinthe, Athènes, Nauplie, et avez massacré 50,000 Ottomans du Péloponèse, 30,000 de Dramali, 20,000 de Bryone, 20,000 autres de Bairam, et 100,000 d’Ibrahim et Kioutagni.

« Prenez les armes ! je vous adjure par les 80,000 enfans, femmes et vieillards inoffensifs tués par les barbares à la prise de Salonique, par les 100,000 vieillards, femmes et enfans tués à la prise de Constantinople, par les 60,000 Grecs inoffensifs tués après la prise du Péloponèse, par les 200,000 Grecs inoffensifs égorgés en même temps en Péloponèse, en Thessalie et en Épire, par les 100,000 Grecs inoffensifs tués en Péloponèse en 1769, et par les 300,000 Grecs inoffensifs massacrés en 1821 à Scio, en Crète, à Smyrne, à Constantinople, à Andrinople et ailleurs.

« Saisissez vos armes au nom du crucifié, dont ils ont pris les temples magnifiques au nombre de trois cents, en gravant au-dessus en lettres d’or : « O Osman, ô Mahomet, ô Ali, ô Abouker, » et du sommet desquels ils crient : « Dieu est un, le Dieu des Ottomans, et Mahomet est seul son prophète. »

« D’où partirons-nous ? d’où partirez-vous ? Partez, vous, de la Grèce orientale, des lieux où Karaiscos a massacré les Ottomans à Distomos et à Arachova, où Androutzo Odyssea massacra à Graira les armées de Bryone ; traversez les Vassilica, où Jean Gouras moissonna les armées de Bairam ; franchissez les Thermopyles, où Athanasios Diacos épouvanta et chassa les armées de Kiosse-Mehmet.

« D’où partirons-nous ? d’où partirez-vous ? Partez, vous, de la Grèce occidentale, de Missolonghi, où Alexandre Mavrocordato, Marco Botzari, Canello Delyanni, Andréa Zaimi, Petro Mavromichali, Macris, Theodoros Grivas et d’autres massacrèrent les armées de Bryone. Franchissez Clissoir, où Kitzo Tzavellas, accompagné de cent héros, fit noyer 4,000 Albanais et 2,000 Arabes. Franchissez Achelon, où se sont noyés 8,000 Ottomans. Montez enfin le Soulion, où Lambros et Moschos chassèrent encore les 20,000 hommes d’Ali- Pacha.

« Malheureux, remuez-vous ! De Thèbes à Missolonghi et de Tenare à Tymphriston, la terre s’agite et tremble ! Et pourquoi s’ébranle-t-elle ? Parce que nos ancêtres la secouent par-dessous, et nous crient : Réveillez-vous ! réveillez-vous ! Ici, les 10,000 hommes de Miltiade, ces vainqueurs de Darius et des 100,000 Perses, font mouvoir Marathon. Là, les 50,000 hommes d’Aristide, vainqueurs de Mardonius et de ses 300,000 hommes, s’agitent au-dessous de Platée.

« O jeunes hommes, vous n’avez rien fait de grand ! Mais voici une seconde lutte qui se présente, lutte pour la foi et la patrie, lutte pour l’affranchissement de toute la nation. Accourez, accourez ! Ce fut pendant le même printemps que vos pères et nous nous marchâmes à Scouléné en Moldavie, à Dragasane de Valachie, au Liban de la Syrie, à Cydonie de l’Asie, à Souli d’Épire, au Mont-Athos de la Macédoine, à l’Olympe de Thessalie et à Macrinoros d’Acarnanie, aux huit forteresses du Péloponèse, à Scio, à Mitylène. À l’époque du même printemps, nous faisions la guerre aux armées de Babylone et de Memphis, à la flotte de Carthage et de Byzance, et nous chantions, pendant que l’on nous tuait : Allons, enfans de la patrie, et pendant