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24 mai 1848, au nom de l’Autriche, par M. Hummelauer, et communiquée en même temps à Milan et à Londres. Par la proposition de M. Hummelauer, l’Autriche renonçait à tout droit sur la Lombardie, sauf un partage équitable de la dette. Venise devait avoir une administration séparée, une armée distincte sous le gouvernement d’un archiduc. S’il y eut jamais une faute, c’est celle qui fut commise le jour où, sous l’empire d’une illusion inouie, les Lombards déclinèrent cette offre de transaction sans même consulter Charles-Albert. Ce qu’on refusait en définitive, c’était la Lombardie libre de la domination étrangère, la Vénétie transformée en une seconde Toscane et l’indépendance italienne assurée dans un avenir certain. On ne sut pas recevoir la fortune à l’heure où elle se présenta, parce qu’elle ne comblait pas tous les vœux, et le jour où l’intervention de l’Angleterre et de la France vint faire revivre ces bases Hummelauer, du 24 mai, comme un élément de transaction dans les circonstances nouvelles créées par l’armistice Salasco, il n’était plus temps ; la médiation, il faut le dire, ne pouvait être qu’une tentative impuissante.

Qu’arrivait-il en effet ? Si l’Autriche avait consenti à s’amoindrir au moment où elle était cernée et menacée de toutes parts, dans la période des succès de l’armée piémontaise, il est évident qu’elle ne devait point se résigner aux mêmes conditions après que son armée avait reconquis pas à pas la Lombardie et venait de rentrer victorieuse à Milan. Aussi l’Autriche ne se hâtait-elle pas d’accepter la médiation. Un instant encore, la révolution d’octobre à Vienne aurait pu favoriser une transaction ; mais cette révolution sans durée ne faisait que fournir à l’Autriche une occasion nouvelle de se raffermir. Les généraux autrichiens allaient relever la fortune de l’empire sous les murs de Vienne et bientôt en Hongrie, comme la verte vieillesse de Radetzky l’avait déjà relevée dans les plaines lombardes. Le cabinet Schwarzenberg, qui sortait de cette phase nouvelle, déclinait désormais d’une manière absolue les bases Hummelauer. H ramenait les puissances médiatrices aux stipulations des traités de Vienne, comme base unique de la paix entre l’Autriche et le Piémont. Le premier ministre impérial, le prince Schwarzenberg, n’avait pas seulement l’orgueil d’un gouvernement qui se relève, il avait le ressentiment et la fierté de cette armée d’Italie avec laquelle il avait combattu pour la suprématie autrichienne, au milieu de laquelle il avait été blessé à Goïto.

L’Angleterre et la France de leur côté étaient-elles disposées à appuyer par les armes l’œuvre de leur médiation ? Au fond, elles ne garantissaient rien. L’Angleterre était guidée surtout par la pensée