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un parti merveilleux ; il se déclare le vassal de Théodoric et se place sous la protection des Goths, qui, trouvant un grand intérêt à la coopération des Scamares, dégagent Herta, et mettent Mundo en liberté. Le fils d’Attila prend aussitôt le chemin des Alpes, et va prêter son serment de vassal entre les mains de Théodoric.

Le roi d’Italie rattachait sa personne, et Mundo servit brillamment sous ce grand capitaine ; mais Théodoric étant mort et le royaume des Ostrogoths devant passer aux mains de sa fille Amalasunthe, Mundo dédaigna de porter les armes sous une femme. C’était le temps où Justinien, à peine monté sur le trône impérial, attirait déjà les regards du monde entier, qui semblait entrevoir son génie. Curieux de le connaître et de tenter fortune près de lui, Mundo se rendit à Constantinople avec une troupe d’Hérules qui demandèrent à le suivre. Un fils d’Attila vassal et déserteur des Goths, un roi des Scamares dont les aventures couraient toutes les bouches ne pouvait manquer de réussir à la cour de Justinien, rendez-vous de tant d’aventuriers. Il plut à cet empereur, qui lui donna du service, et entra en relation avec Bélisaire, déjà plein de gloire et pourtant disgracié. Mundo se trouvait à Constantinople en 532, lorsqu’éclata cette fameuse insurrection du cirque qui faillit emporter Justinien et bouleverser l’empire. Les séditieux, munis d’armes pillées dans les arsenaux, étaient maîtres de la ville ; les troupes chancelaient, et déjà la populace, retranchée derrière les murs du cirque comme dans une forteresse, proclamait un autre empereur. Tout semblait perdu, et Justinien, s’abandonnant lui-même, parlait de quitter la ville, quand Bélisaire, sorti de sa retraite, se chargea d’étouffer la rébellion. Il lui fallait des hommes déterminés ; il prit Mundo, qu’en sa qualité de Hun il mit probablement à la tête des escadrons de cavalerie restés fidèles. Sa confiance ne fut point trompée. Tandis que lui-même forçait avec ses cohortes d’infanterie la porte du cirque la plus voisine du palais, le petit-fils d’Attila, suivi de sa troupe, s’élançait par la porte opposée, l’épée en avant, au grand galop de son cheval : on sait le reste. Justinien paya ce service en poste de commandant général de l’Illyrie, Rien ne se dans la vie de Mundo comme dans celle du vulgaire des hommes. En se rendant à son poste, il rencontre une année bulgare qui venait de franchir le Danube et marchait vers la Thrace ; cette armée ne le fait pas reculer. Avec une poignée d’hommes qui composaient son escorte, il la traverse d’un bout à l’autre en se battant, et arrive sain et sauf dans sa résidence.

Parvenu à une si haute fortune, le descendant d’Attila voulut être complètement Romain. Il enrichit son nom asiatique d’une terminaison latine sonore, qui en fit Mundus, c’est-à-dire le monde, nom passablement ambitieux, et son fils, baptisé selon toute apparence, reçut