qu’il donnait à ce déisme pur, tempéré par le sabéisme, un caractère officiel que les clartés du christianisme brillèrent pour la première fois sur sa vaste intelligence et firent naître en lui l’espoir d’arriver par les révélations de l’Évangile à la découverte des vérités absolues qui peuvent seules guider les individus et les peuples dans la connaissance et l’accomplissement de leurs devoirs. C’est de cette époque, en un mot, que datent ses relations avec les jésuites.
Nous avons consulté pour l’histoire des relations d’Akbăr avec les jésuites toutes les sources auxquelles il paraissait raisonnable de puiser, et nous avons eu principalement recours au recueil de Pierre Du Jarric, dont nous donnons le titre détaillé en note à cause de son importance[1]. Cet ouvrage, malgré le manque absolu de critique historique qu’on y remarque, porte un caractère général d’exactitude et de bonne foi (souvent crédule, sans doute) qui n’exclut pas de temps à autre une certaine vivacité de narration et une appréciation assez juste des hommes et des choses. Ce qui nous touche surtout dans le récit de Du Jarric, c’est qu’il a été commencé peu de temps après la mort d’Akbăr, en 1608, et terminé dix ans après, en 1614 ; qu’il a été composé sur les lettres des missionnaires qui vivaient à la cour d’Akbăr, lettres recueillies de deux ans en deux ans par le père Ferdinand Guerreiro, portugais, « homme d’un jugement net et solide, et bien versé dans ces histoires, » comme le dit Du Jarric ; c’est enfin que les principaux faits mentionnés par Du Jarric sont confirmés par le témoignage des historiens indigènes. Il résulte clairement de l’examen critique que nous avons fait de ces diverses autorités que l’empereur, indépendamment des relations et conférences qu’il eut avec des missionnaires isolés, demanda et obtint à trois reprises différentes qu’il lui fût envoyé de Goa des missionnaires jésuites autorisés à résider un certain nombre d’années à sa cour. La première mission, composée des pères Rodolphe d’Aquaviva (sans doute le padre Redef mentionné dans l’Akhar-Nameh), Antoine de Monserrat et Henriquez, arriva à Fattehpour Sikry (résidence favorite d’Akbăr) en février 1580, et Rodolphe d’Aquaviva resta auprès de l’empereur jusqu’en 1583. La seconde mission, confiée aux pères Édouard Leiton, Christophe Véga et un autre qui n’avait pas encore
- ↑ « Histoire des choses plus mémorables advenues tans en Indes Orientales que autres pays de la découverte des Portugais, etc., par le P. Pierre Du Jarric, Tolosain, de la même compagnie. À Bourdeaux, 1608, in-4o. » — Deuxième partie (ou deuxième vol.), portant le même titre que le précédent, Bordeaux, 1610. — Troisième partie, etc., depuis l’an 1600 jusqu’à 1610. Bordeaux 1614.