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pêche. Dans leurs croyances superstitieuses, soumis à leurs chamans ou sorciers, ils ne s’élèvent pas même jusqu’à l’idolâtrie. Quelques-uns sont cependant chrétiens au moins nominalement, mais toutes les relations modernes s’accordent à confirmer les rapports de Gmelin, savoir que c’est par politique pure qu’ils se laissent associer à la religion de leurs maîtres : « tous ces gens-là, dit-il, n’ont pas les premiers principes de la religion chrétienne ; ils pensent qu’elle consiste à porter une croix, à faire le signe de la croix, à ne pas manger de chair de cheval et à observer les jeûnes prescrits. Lorsque l’archevêque vint dans ce canton, il fit assembler les habitans. Quelques-uns vinrent à lui de bonne volonté, mais la plupart y répugnaient, et il fallut que les dragons qui accompagnaient l’archevêque les fissent sortir de leurs huttes. Ces Tartares habitent le long de la Tchoulima ; le lieu était commode pour les baptiser. Ceux qui refusaient le baptême étaient jetés dans l’eau. Lorsqu’ils revenaient à bord, on leur attachait une croix au cou, et ils étaient chrétiens. » On sait que dans l’église grecque le baptême s’administre par immersion totale, ainsi rien ne manquait aux néophytes sibériens. Cependant on ne peut s’empêcher de penser avec le grave Gmelin que c’était un sacrement conféré singulièrement. Les guides iakoutes de M. Hill s’échappaient aussi parfois la nuit pour aller faire leurs offrandes au diable.

En fait de produits minéralogiques, la Sibérie a cependant tout ce qu’il faudrait pour attirer et retenir des populations plus nombreuses et moins misérables. L’or et le platine se trouvent, comme on sait, à l’état natif en Sibérie, le long de l’Oural et dans la partie la plus élevée des montagnes et des collines du midi, c’est-à-dire dans l’Altaï et la Daourie. En voyant les échantillons de ces minerais, M. de Humboldt déclara qu’on y devait trouver des diamans comme aux Indes et au Brésil. C’était donc une troisième localité diamantifère. La prophétie s’est fidèlement réalisée, quoique l’on n’ait pas encore découvert de gisement industriellement important de ce précieux minéral. On a aussi mis récemment en circulation quelques diamans provenant, disait-on, de l’Algérie : mais, pour moi du moins, l’existence de cette gemme dans nos possessions musulmanes n’est pas encore complètement hors de doute : c’est, comme on sait, une espèce de ciment naturel rougeâtre qui indique la présence du diamant, et je n’ai point encore vu de ce ciment, dit cascalho, provenant des provinces françaises de l’Afrique.

L’aspect de la Sibérie est parfaitement régulier : ce sont des terrains élevés et montagneux dans le sud, qui ont une pente uniforme vers le nord et versent d’abondantes eaux dans la Mer-Glaciale. Ces eaux y arrivent par l’air comme partout ailleurs, mais on ne sait pas