de l’est et de l’ouest. Orléansville en outre possède de plus que Mllianah une issue directe vers la mer par la route de Tenez, roule parfaitement colonisable où l’on trouve déjà, du côté de la mer, une colonie agricole de 1848, Montenotte, que ses greffes d’oliviers et le voisinage des mines de cuivre de l’Oued-Allelah ont mise dans de bonnes conditions de succès. Le premier aspect d’Orléansville, surtout si l’on arrive après les recoltes, est d’une tristesse mortelle : l’absence de toute végétation arborescente livre la terre toute nue à un soleil ardent qui mord pour ainsi dire sur elle, et lui fait de larges incisions. Ce n’est même que par ces crevasses profondes que l’on peut juger de la richesse végétale des dépôts alluvionnaires qui constituent le sol de toute la vallée du Chéliff. Deux colonies agricoles de 1848, la Ferme et Pontéba, forment jusqu’ici la banlieue d’Orléansville, et lui constituent une population de 400 colons. On a suivi pour l’érection de la Ferme et de Pontéba l’errement qui a présidé à l’établissement de presque toutes les colonies agricoles, c’est-à-dire que ces deux villages, construits sur les terres hautes, ont été mis hors de la portée de l’eau qui coule dans leurs bas-fonds. Or c’est de verdure qu’aurait surtout besoin Orléansville, et il se trouve précisément que sa banlieue agricole ne peut lui en donner. Le voisinage de la ville, qui a une population de 1,000 consommateurs, empêche seul les colons de se décourager. Ils vivent, mais sans pouvoir atteindre à la prospérité. Néanmoins le Chéliff a pour tributaires les nombreuses vallées transversales par où lui arrivent les eaux du Dahra et de l’Ouérenséris, et rien ne serait plus facile que de détourner ces affluens pour les besoins de l’irrigation avant qu’ils ne se déchargent dans le Chéliff.
La vallée se prolonge au-delà d’Orléansville à travers le riche territoire des Sbéahs et se termine au pont du Chéliff, qui donne accès dans la province d’Oran. Sur la lisière de cette province s’étend encore une région admirable où nous retrouvons les traces de la colonisation, c’est-à-dire les colonies agricoles de 1848 : à droite, c’est la plaine du Bas-Chéliff allant vers Mostaganem et vers la mer ; à gauche, vers le sud, c’est le grand et magnifique bassin de la Mina, commandé par le poste de Bel-Assel. En arrière de Bel-Assel, les eaux de la Mina, retenues par un barrage naturel, s’épandent avec une telle abondance, qu’elles pourraient, sans exagération, fournir à l’irrigation de 10,000 hectares de terres fertiles et suffisamment inclinées. Au bassin de la Mina se retient, à l’ouest, la plaine de l’Habra, non moins fertile et baignée par deux rivières, — à l’est, la vallée de l’Oued-Riou, commandée par le poste de Ammi-Moussa. Toute cette zone est pour la colonisation prochaine une terre promise.
Les travaux d’endiguement et de barrage nécessaires pour amener les eaux du Chéliff et de ses affluens sur les terres seraient d’une exécution facile, et les résultats qu’ils produiraient feraient rivaliser ce bassin avec la Mitidja. Toute la partie du Chéliff qui regarde Milianah, dotée des bienfaits de l’irrigation, verserait l’abondance à 20,000 colons au moins. Aux mêmes conditions, la partie de la vallée qui s’étend depuis le pont d’El-Kantara jusqu’au pont du Chéliff, et qui a pour centre Orléansville, recevrait 200 villages et 50,000 habitans, surtout si le chemin de fer projeté d’Oran à Alger venait livrer l’accès de ce riche bassin à des populations industrieuses.