DE LA FRANCE.
Les débuts littéraires de M. Prosper Mérimée remontent à l’année 1825. L’auteur du Théâtre de Clara Gazul avait alors vingt et un ans. Parmi les lecteurs de ce livre ingénieux et hardi, il en est bien peu qui aient deviné l’âge de Joseph L’Estrange. Il était difficile en effet de croire que ces créations si franches, si nettes, fussent l’œuvre d’un jeune homme de vingt et un ans. À proprement parler, M. Prosper Mérimée n’a jamais connu les tâtonnemens, ou du moins s’il les a connus, il n’a jamais mis le public dans la confidence. Je n’entends pas dire par là que toutes ses œuvres soient écrites du premier coup telles que nous les lisons, sans rature, sans retouche, sans addition, sans élimination. Pour porter un tel jugement, pour adopter une telle croyance, il faudrait n’avoir jamais comparé les œuvres nées de la méditation aux œuvres improvisées. Il est évident pour tous les esprits exercés que le Théâtre de Clara Gazul n’est pas une création spontanée, si l’on veut donner à ce mot le sens que lui prêtent les faiseurs d’aujourd’hui. Ce qu’il y a de certain, c’est que les compositions dramatiques publiées sous le nom de la spirituelle comédienne ne révèlent aucune indécision dans la pensée, aucune incertitude dans l’expression. L’auteur, malgré sa jeunesse, sait très bien ce qu’il veut dire, et ne prend pas des mots pour des idées. Familiarisé de bonne heure avec l’Espagne et l’Angleterre, nourri de Shakspeare