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ment en est réduit à une sorte de suspension de paiemens. Il s’est fait autoriser par le conseil d’état à lever un emprunt forcé de 500, 000 piastres, et les gouverneurs des provinces sont chargés de répartir arbitrairement la contribution entre les citoyens, au risque pour ceux-ci de se voir emprisonnés et jugés pour rébellion, s’ils n’ont pas payé dans les trois jours. L’ennemi que poursuit le gouvernement dans cette insurrection, c’est le général Paëz, le plus illustre chef du Venezuela, aujourd’hui réfugié aux États-Unis, et dont le nom est le mot d’ordre naturel de toutes les résistances. Plusieurs fois déjà on a annoncé l’arrivée de Paëz avec des munitions et deux bateaux à vapeur ; elle ne s’est point réalisée jusqu’ici. Si le général Paëz débarquait au Venezuela, le soulèvement pourrait bien prendre une force nouvelle et un caractère plus sérieux. Par une circonstance singulière, le général Tadeo Monagas, en prêtant son appui au pouvoir fort disputé de son frère, a semblé se ménager depuis ces insurrections une position intermédiaire. Il blâmait la loi sur l’abolition immédiate de l’esclavage quand elle était présentée, et il la faisait combattre par ses amis. Plusieurs fois il est intervenu pour presser son frère de changer de système et de se débarrasser d’un entourage fort peu considéré. En définitive, le général Tadeo Monagas vise à redevenir président, à moins que les circonstances n’en fassent de nouveau un dictateur, et telle est l’extrémité où est le Venezuela, que beaucoup d’hommes, sans acception de parti, y verraient une amélioration de l’étal actuel. Le général Tadeo Monagas est cependant le même qui en 1848 dispersait le congrès par les armes. C’est là l’indice de la situation du Venezuela. ch. de mazade.




POÉSIES FINLANDAISES DE RUNEBERG

Die Sagen du Fœhnrich Stœl (Les Récits du colonel Stœl), trad. par Mme  Ida Meves ; Leipzig 1854, in-12.

La guerre actuelle a tourné les regards de l’Europe vers cette nation finlandaise si peu connue. On ne sait pas assez que cette race, la plus ancienne sans doute de l’Europe, a joué jadis un grand rôle en servant à nous transmettre la civilisation orientale. Vaincue par les peuples qui ont ensuite envahi notre continent, elle n’a pas gardé d’institutions vraiment nationales, elle a adopté celles des peuples Scandinaves ; mais elle possède du moins un trésor inappréciable dans ses chants populaires, que la mémoire des différentes générations a conservés jusqu’à nos temps, et qui, fixés par l’écriture il y a seulement vingt années, forment à présent un admirable poème épique, dont les couleurs sont tout orientales. En attendant que le moment soit venu de faire connaître tout ce qui se rapporte à la curieuse histoire du Katevala, voici une traduction allemande singulièrement exacte et en même temps élégante des poésies nationales du Finlandais Runeberg. Runeberg est le Béranger de la Finlande ; il a célébré dans ses vers spirituels, énergiques, échauffés par l’amour de la patrie, la dernière résistance de la Finlande contre les Russes en 1808 et 1809. Rien que ses poésies, comme celles de Béranger, offrent beaucoup de traits particuliers, qu’il est difficile de comprendre sans la connaissance du pays et de ses héros, nous en avons choisi une cependant, qui, rendue aussi exactement que possible d’après le texte