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POÈTES ET ROMANCIERS
MODERNES DE LA GRANDE-BRETAGNE


W. M. THACKERAY ET SES ROMANS


Après Dickens, qui jouit d’une popularité plus étendue et d’un public plus sympathique, après Bulwer, dont le talent accuse des tendances plus sérieuses et une érudition plus variée, il faut, — quand on dresse la liste des romanciers anglais contemporains, — arriver à Thackeray. La plèbe des lecteurs nommerait peut-être avant lui ou M. James ou M. Harrison Ainsworth : quelques coteries politiques désigneraient M. Disraeli ; quelques hommes d’un goût spécial, l’auteur pseudonyme de Jane Eyre et de Shirley. Ce seraient là autant d’erreurs. Aux yeux de l’observateur attentif et désintéressé, celui qui « arrive troisième, » comme on dirait sur le turf, c’est M. Thackeray.

Le spirituel romancier n’a pas gagné sans luttes et sans revers cette place honorable. Ses débuts ont été orageux et contestés longtemps. Lui-même, dans une préface curieuse, nous raconte que celui de ses romans pour lequel il se sent une préférence marquée (the History of Samuel Titmarsh and the great Hoggarty Diamond) fut refusé par un magazine avant de paraître dans le Fraser’s. Le même outrage était réservé à une œuvre encore plus digne d’attention, Vanity Fair, dont, en ce recueil même, il a été donné une très complète analyse[1]. Rechercher la cause de ces échecs persistans et

  1. Voyez la Revue du 15 février et du 1er  mars 1849.