DE LA
REPUBLIQUE DES PROVINCES-UNIES
MARNIX DE SAINTE-ALDEGONDE[1]
Sainte-Aldegonde venait de tirer à Anvers le dernier coup de canon pour l’indépendance de la Belgique ; les conditions qu’il avait obtenues étaient les meilleures qui eussent été accordées par l’ennemi à aucun commandant de place : il pouvait donc s’attendre à être reçu à bras ouverts en Hollande ; mais la perte d’Anvers était si grande, si irréparable ! Bientôt on ne fut plus frappé que de l’étendue de ce désastre. On oublia ce qui l’avait rendu inévitable[2], et l’on vit en un moment les conséquences qu’il entraînait : le grand boulevard de l’indépendance occupé par l’ennemi, la Belgique à jamais perdue et asservie, le berceau de la réforme conquis par le papisme, les dix-sept provinces à jamais désunies, la Hollande découverte, la république frappée de mort. Le poids de tous ces malheurs, on le rejetait sur Marnix. C’étaient surtout ceux qui auraient pu les empêcher, — les Hollandais, — qui étaient le plus passionnés dans leurs accusations ;