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de Constantinople, et à leur tête feu M. Jacques Duz-Oglou, garde des joyaux de la couronne et directeur de la monnaie impériale, comprenant qu’il fallait préparer leurs compatriotes à la nouvelle carrière qui s’ouvrait devant eux et faire leur éducation politique, conçurent l’idée d’un journal destiné à répandre parmi eux des notions exactes et étendues sur la marche générale des affaires en Europe, les institutions et les lois en vigueur dans les divers états, les projets discutés dans les assemblées délibérantes, les conférences diplomatiques, les faits et les découvertes scientifiques, etc. L’exécution de ce projet et la somme nécessaire pour couvrir les premiers frais furent confiés aux mekhitharistes de Vienne, qui, par la création en 1847 de l’Europe, feuille hebdomadaire, ont dignement répondu aux généreuses intentions de M. Duz-Oglou.

A Venise, les mekhitharistes de Saint-Lazare publient depuis 1843 une revue bimensuelle dont le titre Pazmavéb (le Polyhistor ou Polygraphe) indique suffisamment la variété des matières qu’elle embrasse : les sciences naturelles et économiques, la littérature, les antiquités nationales, la biographie des Arméniens célèbres, sont le thème ordinaire de ses articles, rendus attrayans par les séductions d’un style habituellement élégant et par les illustrations qui traduisent la donnée principale du texte sous une forme pittoresque. Le Pazmavéb fait aussi quelquefois des excursions dans la politique, mais en l’envisageant au point de vue spécial du programme qu’il s’est tracé, et lorsqu’elle a un rapport direct avec les intérêts de la nation.

Dans les provinces russes du Caucase, Tiflis a donné naissance à deux journaux arméniens, le Caucase, dont la rédaction était politique et littéraire, et qui, commencé en janvier 1846, n’a vécu que deux ans, et l’Ararad, sorte de revue littéraire et politique, postérieure en date au Caucase, et qui s’est terminée en 1851 par le départ de son rédacteur en chef, M. Gabriel Bogdanian. Dans l’Inde, Calcutta a possédé de 1845 à 1849 l’Azkassér (le Patriote); Madras, le Panassér (le Littérateur), qui est de 1848, et qui au bout d’une année seulement succomba sous le coup de la réprobation que ses critiques acerbes et ses violentes déclamations avaient soulevée. Enfin, dans l’archipel d’Asie, la colonie arménienne qui de l’Inde est passée, il y a quelques années, à Singapore, y a importé avec elle la presse périodique, et a pour organe l’Oussoumnassêr (l’Ami de l’Instruction), qui paraît deux fois par mois, en cahiers à double colonne, lithographies.

Dans cette énumération, je dois faire entrer aussi le Magasin des Connaissances utiles, revue littéraire et religieuse, publiée à Smyrne, sous la direction et aux frais des missions protestantes de