droite de la tribune royale. François de Vivonne, seigneur de La Chasteigneraye, portait d’hermine au chef de gueule. Reçu à la barrière de droite par le connétable, avec les formalités accoutumées, après qu’il eut fait ses déclarations, il fut introduit dans le trèfe de droite, pour y rester jusqu’à son entrée au camp.
On amena ensuite Jarnac avec le même cérémonial. Il était accompagné de son parrain et de cent vingt gentilshommes revêtus de sa livrée, blanc et noir. Une bannière avec l’image de la sainte Vierge marchait en avant. Jarnac était, comme Vivonne, armé de toutes pièces, excepté le dessus, que ses écuyers portaient devant lui, ainsi que son épée et sa rondelle. Après que le cortège eut honoré le dehors du camp, toujours musique en tête, on suspendit l’écu de Jarnac au pilier de gauche, près de la tribune du roi. Guy Chabot, seigneur de Jarnac, portait d’or, à trois chabots de gueule posés en paux : 2, 1. La barrière de gauche ouverte à sa requête, il entra dans son pavillon, pour y demeurer jusqu’à l’appel du combat[1]. « Et ce fait, fut procédé par leurs parrains et leurs confidens à l’accord du camp et des armes défensives. »
Il n’y eut point de difficultés pour l’accord du camp ; les procurations furent échangées et mises au greffe par-devant les hérauts. On convint que si les épées se rompaient, il en serait procuré d’autres. M. d’Aumale fut requis de procéder à la concordance des armes. Les confidens entrèrent alors dans les tentes de chacun des combattans, et restèrent avec eux pour leur tenir compagnie. À sept heures et demie commença la concordance désarmes. MM. de Villemareuil, d’Urfé, le baron de La Garde et de Saint-Julien s’avancèrent en bon ordre, trompettes sonnant, tambourins battant. Ils portaient un gousset[2] de mailles, et s’arrêtèrent devant la tribune du roi, le connétable et maréchaux présens ; là, le comte d’Aumale examina et accepta le gousset comme armes visitées, après l’avoir fait mesurer à un autre, pour servir à La Chasteigneraye.
MM. de La Vauguyon, d’Urfé, le baron de La Garde et de Saint-Julien apportèrent de même un gantelet de fer pour la main droite, lequel fut visité par les parrains de Vivonne et accepté comme ci-dessus. Dans cette occasion, M. d’Aumale dit qu’il allait protester contre les armes défensives non usitées que Jarnac se proposait d’exiger, et dont il était avisé, ajoutant que « la perte du tems qui pourroit
- ↑ Le formulaire de Philippe le Bel avait tout prévu. On lit en effet, art. XXIII : « Quand tout sera en point…, les conseillers, sans plus attendre, s’en partent, et laissent à chacun combattant sa bouteillette pleine de vin et un pain lié en une touaillette. » Il faut croire qu’on n’oublia point ces précautions, car, je l’ai dit, les préparatifs du combat durèrent toute la journée, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil.
- ↑ Petite braie ou culotte de mailles en fer.