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nombre de points en possession de données à la fois curieuses et sûres. L’attrait de la météorologie n’a pas besoin d’être démontré ; les matières dont elle s’occupe, nous touchent de très près, et de toutes les sciences exactes, c’est celle aussi qui semble le mieux faite pour devenir populaire. L’homme est en contact permanent avec les fluides impondérables, les eaux, l’atmosphère, la température, les climats. Dans tous les temps, il a été conduit à réfléchir sur des influences dont il sentait l’action à chaque moment de son existence ; mais les démonstrations de la science moderne à ce sujet étaient seules capables de résoudre d’une manière satisfaisante les problèmes que les générations précédentes n’avaient pu que soulever. M. Foissac a réuni ces démonstrations dans un vaste ensemble en les complétant en plusieurs points, en les rectifiant sur d’autres, pour les rapprocher de la médecine et faire ressortir tout ce que cette science peut tirer de l’étude des lois de la météorologie, soit comme explication de l’origine et de la marche des diverses maladies, soit comme moyen thérapeutique. C’est ainsi qu’à propos de l’influence de l’électricité atmosphérique, il examine la question si controversée des véritables causes des grandes épidémies, particulièrement de celle qui nous a visités deux fois depuis vingt ans, et qui semblait encore nous menacer récemment. Ces fléaux sont-ils dus, comme quelques-uns le pensent, à la diminution de l’électricité atmosphérique, ou sont-ils occasionnés, comme d’autres l’affirment par une accumulation considérable de l’électricité générale dont les nuages orageux et les contrées marécageuses sont les sources les plus abondantes ? Que faut-il penser des observations qui ont été faites dans quelques endroits durant le choléra de 1848-49, et d’après lesquelles les appareils électriques et magnétiques auraient perdu beaucoup de leur puissance ? Quelle est la valeur de l’opinion émise par un médecin français, M. Fourcault, qui fait provenir le choléra de la non-équilibration de l’électricité atmosphérique et du magnétisme terrestre ? Telles sont les questions qu’aborde l’auteur sur ce point spécial de l’électricité ; et telle est la nature de celles qui se reproduisent dans les diverses parties de son savant travail à propos de chacune des grandes influences météorologiques qu’il décrit. Ajoutons que cet ouvrage se distingue par une très grande lucidité d’exposition et un incontestable mérite de style qui en rend la lecture aussi intéressante que facile malgré son caractère scientifique. Les sciences en général et la médecine en particulier ont nécessairement, pour quiconque n’est pas initié, des obscurités qui résultent, soit des néologismes qu’elles ont dû adopter dans la classification des phénomènes sur lesquels elles opèrent, soit des idées et des méthodes qui leur sont propres. Ce n’est donc pas sans effort qu’elles peuvent parler un langage intelligible pour tous. Aussi ne saurait-on trop féliciter les rares savans qui veulent bien se proposer ce but, et surtout les savans plus rares encore qui réussissent à l’atteindre.

V. DE MARS.


NOTICE HISTORIQUE SUR LES MANUFACTURES IMPÉRIALES DE TAPISSERIES DES GOBELINS ET DE TAPIS DE LA SAVONNERIE, par A.-L. Lacordaire[1]. —

  1. Paris, à la manufacture des Gobelins, 1853.