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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 février 1854.

Chaque jour marque un pas décisif de plus dans la marche des complications européennes soulevées par les événemens d’Orient, il n’y a plus à s’y méprendre, nous touchons à ce point extrême où tout se simplifie étranger meut. Les représentans de la Russie en France et en Angleterre, M. de Kisselef et M. de Brunow, ont quitté Paris et Londres. Les représentans de la France et de l’Angleterre en Russie, le général de Castelbajac et sir Hamilton Seymour, ont dû à leur tour quitter Saint-Pétersbourg, D’un autre côté, l’envoyé particulier du tsar auprès de l’empereur d’Autriche, le comte Orloff, est reparti devienne sans avoir atteint le but de sa mission. En même temps le parlement anglais s’ouvrait, et là se posait solennellement cette question inusitée de la paix et de la guerre, il y a peu de jours encore, que répondait le secrétaire d’état des affaires étrangères, lord Clarendon, pressé de se prononcer sur la valeur des espérances qui pouvaient rester ? Il répondait que ces espérances, il ne les nourrissait pas et ne cherchait pas à les inspirer. Plus récemment interpellé, le chef du ministère, lord Aberdeen, déclarait que certainement on ne négociait plus, ajoutant à la vérité, ce qui est toujours incontestable, mais ce qui peut avoir une signification particulière en ce moment, que la guerre n’est jamais inévitable tant qu’elle n’est pas déclarée, et que jusque-là il ne cesse d’y avoir quelque retour possible en faveur de la paix. Enfin les deux gouvernemens d’Angleterre et de France ont publié simultanément les papiers diplomatiques relatifs aux affaires d’Orient. Quel est le caractère général de ces documens ? Ils retracent avec une fidélité saisissante l’origine, l’enchaînement, les péripéties de cette longue et épineuse négociation, jusqu’au moment où la suspension des rapports diplomatiques a éclaté entre la Russie d’une part, la France et l’Angleterre de l’autre, laissant l’Europe dans cet état qui n’est point la guerre sans doute, mais qui n’est point non plus absolument la paix. La dernière chance survenue comme