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V

Il est curieux d’étudier l’assemblée de 1614. D’elle, tout aussi bien que de tant d’autres choses, on peut dire qu’elle aurait pu empêcher la révolution française ; mais elle n’y songeait guère, et, si nous écoutons le premier des trois ordres et son orateur, qui n’est pas moins qu’Armand Duplessis de Richelieu, évêque de Luçon, que trouverons-nous dans sa harangue ? La rhétorique du temps, longues périodes, oiseuse redondance, style figuré sans trop de mauvais goût pourtant. Le début n’est pas heureux. La session des états y est comparée aux saturnales de Rome, comparaison si malvenue, que l’orateur est presque aussitôt obligé de signaler plus de différences que de ressemblances. Puis de ce fâcheux rapprochement il arrive à la politique. Le point le plus soigneusement traité est la convenance, même la nécessité d’appeler les ecclésiastiques aux grands emplois du gouvernement. C’est là un des intérêts généraux qui touchent le plus le clergé, et son interprète ne parait pas s’être fait prier pour y insister. On dirait qu’il écrit la préface de son histoire. Vient ensuite l’acceptation des actes du concile de Trente, plus une certaine restitution de biens d’église donnés aux protestans du Béarn par la mère de Henri IV. Cela dit, le clergé marche au secours de la noblesse dans la guerre qu’elle déclare à la vénalité des offices de judicature. Le feu roi l’avait consacrée en obligeant les magistrats à racheter par une taxe annuelle la transmissibilité de leurs charges. C’était traiter celles-ci en patrimoine de main-morte. La propriété et l’hérédité étaient alors la forme qu’affectaient tous les droits, et celui de rendre la justice ayant originairement fait partie du domaine féodal, le posséder patrimonialement à son tour, c’était pour la bourgeoisie parlementaire un avènement au privilège. Chose étrange, la vénalité des charges était ainsi une conquête de l’égalité. La noblesse voyait avec jalousie cette investiture d’un nouveau genre, qui lui fermait, disait-elle, l’entrée des cours souveraines. Elle avait donc fait de l’hérédité des offices et de l’impôt qui la consacrait son principal grief, et le clergé épousa sa cause. Le tiers-état, embarrassé de soutenir la sienne, se vengeait en dénonçant les motifs réels que les ordres privilégiés couvraient du prétexte spécieux du bien public, et les forçait pas revanche à réclamer avec lui contre l’abus des pensions, rendant ainsi guerre pour guerre à la noblesse de cour. La querelle avait amené des paroles violentes et des scènes orageuses. « Ils verront la différence qu’il y a d’eux à nous, disait l’orateur de la noblesse. » - « C’est l’inaptitude et non la vénalité qui exclut les nobles des charges, » répondait l’orateur du tiers. Puis, comme une