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L’ÉCONOMIE RURALE


EN ANGLETERRE.





VIII.


L’IRLANDE.[1]




Autant l’histoire agricole de l’Angleterre et de l’Ecosse est brillante, autant celle de l’Irlande est lamentable, au moins jusqu’à ces dernières années. L’avenir de cette île malheureuse a été longtemps une énigme sans mot; aujourd’hui le problème s’éclaircit, mais à quel prix !

Ce ne sont pas pourtant les ressources naturelles qui lui manquent. De l’aveu même des Anglais, l’Irlande est supérieure à l’Angleterre comme sol. Par une conformation particulière, ses montagnes s’élèvent presque toutes le long des côtes, et l’intérieur forme une vaste plaine dont la plus grande partie est d’une admirable fertilité. Sa superficie est en tout de 8 millions d’hectares; les rochers, les lacs et les marais en couvrent environ deux, deux autres sont formés de terrains médiocres; tout le reste, c’est-à-dire la moitié environ du territoire, est une terre grasse à sous-sol calcaire, ce qui se peut concevoir de mieux. « C’est le plus riche sol que j’aie jamais vu, dit Arthur Young en parlant des comtés de Limerick et de Tipperary, et le plus propre à tout. » Le climat, plus humide encore et plus doux qu’en Angleterre, y rend les extrêmes de la chaleur et du froid plus

  1. Voyez les livraisons du 15 janvier, 1er et 15 mars, 15 avril, 15 octobre, 15 décembre 1833, et 1er janvier 1854.