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vous la mènerez à fin. (Kai avait cette particularité, que sa respiration durait neuf jours et neuf nuits sous l’eau, et qu’il pouvait vivre neuf jours et neuf nuits sans dormir. Quand il lui plaisait, il pouvait se rendre aussi grand que les plus grands arbres de la forêt. Bedwyr étendait sa barbe rouge sur les quarante-huit solives de la salle d’Arthur ; enterré à sept coudées sous terre, il aurait entendu la fourmi, à cinquante milles de distance, sortir de son nid le matin.) Achevez cette aventure pour moi. »

« Ils allèrent en avant, jusqu’à ce qu’ils arrivèrent au merle de Cilgwri. Gwrhyr l’adjura au nom du ciel, disant : « Dis-moi si tu sais quelque chose touchant Mabon, fils de Modron, qui fut enlevé à sa mère lorsqu’il n’était âgé que de trois nuits ? » Et le merle répondit : « Quand je vins d’abord ici, il y avait une enclume de forgeron dans ce lieu ; j’étais alors un jeune oiseau. Depuis ce temps, l’enclume n’a reçu d’autres coups que ceux de mon bec chaque matin, et maintenant il n’en reste pas la grosseur d’une noix. Cependant que la vengeance des cieux soit sur moi si, durant ce temps, j’ai jamais entendu nommer l’homme dont vous parlez. Je veux faire néanmoins ce qui est juste, et ce qu’il convient que je fasse pour une ambassade d’Arthur. Il y a ici une race d’animaux qui furent créés avant moi, et je veux vous conduire auprès d’eux. »

« Ils allèrent donc jusqu’au lieu où était le cerf de Redynvre : « Cerf de Redynvre, nous venons à toi de la part d’Arthur, parce que nous n’avons pas entendu parler d’un animal plus vieux que toi. Dis, sais-tu quelque chose touchant Mabon, fils de Modron, qui fut enlevé à sa mère lorsqu’il était âgé de trois nuits ? Le cerf répondit : « Quand je vins ici pour la première fois, il y avait une plaine tout autour de moi, sans aucun arbre, si ce n’est un jeune chêne qui devint un chêne à cent branches. Ce chêne est mort, et il n’en reste maintenant qu’un tronc desséché. À partir du jour où j’arrivai ici, je n’ai pas quitté ce lieu, et je n’ai jamais entendu nommer l’homme dont vous parlez. Néanmoins, comme vous êtes des ambassadeurs d’Arthur, je veux vous guider jusqu’à un lieu où il y a un animal qui fut créé avant moi. »

« Ils allèrent donc jusqu’au hibou de Coum Cawlwyd : « Hibou de Coum Cawlwyd, voici une ambassade d’Arthur : sais-tu quelque chose touchant Mabon, fils de Modron, qui fut enlevé à sa mère lorsqu’il n’était âgé que de trois nuits ? — Si je le savais, je vous le dirais. Lorsque j’arrivai d’abord ici, la vallée que vous voyez était un vallon boisé. Puis vint une race d’hommes qui arracha les arbres. Un second bois s’éleva, et celui-ci est le troisième. Mes ailes ne sont plus que des moignons desséchés. Pourtant, durant un si long espace de temps, je n’ai jamais entendu parler de l’homme dont vous vous informez. Je veux néanmoins servir de guide à l’ambassade d’Arthur jusqu’à ce que nous arrivions au plus vieil animal du monde et celui qui a le plus voyagé, l’aigle de Gwern Abwy. »

« Gwrhyr dit ; « Aigle de Gwern Abwy, une ambassade d’Arthur vient à toi pour te demander si tu sais quelque chose touchant Mabon, fils de Modron, qui a été enlevé à sa mère lorsqu’il n’était âgé que de trois nuits. » L’aigle répondit : « Je suis ici depuis un long espace de temps. Quand je vins en ce lieu pour la première fois, il s’y trouvait un rocher dont j’ai becqueté le sommet chaque soir à la lueur des étoiles ; maintenant il n’en reste