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promesses[1], afin de pouvoir en apparence observer les prescriptions de la bulle d’or et jurer qu’ils étaient libres tout en restant engagés.

Les électeurs furent tous rendus à Francfort le 8 juin. Ils arrivèrent avec la pompeuse suite de leurs conseillers, de leurs serviteurs et des troupes de cavaliers leur servant d’escorte, dans cette ville réservée aux élections impériales, et où, depuis l’ouverture de leur conclave jusqu’à son terme, ne pouvait pénétrer aucun autre prince, ni l’ambassadeur d’aucun roi. L’archevêque de Trêves, qui avait eu de fréquentes entrevues avec Bonnivet, d’Albret et Guillart, reçut d’eux et y porta 50,000 écus d’or pour gagner l’archevêque de Cologne et les envoyés de Bohême[2] à François Ier. Ce monarque attendait avec confiance le résultat de la diète. Il avait adressé à l’archevêque de Trêves et au margrave de Brandebourg, les deux plus fermes soutiens de sa cause, de pleins pouvoirs pour traiter avec les autres électeurs et confirmer leurs privilèges, s’il était élu[3].

Sur les sept membres du collège électoral, quatre lui avaient promis leurs suffrages à deux reprises diverses. Si l’archevêque de Mayence lui avait fait encore une fois défaut, et si le comte palatin s’était engagé presque en même temps avec son adversaire comme avec lui, les chances du roi catholique ne paraissaient pas meilleures que les siennes. Celui-ci ne pouvait compter avec certitude que sur l’archevêque de Mayence. Il avait aussi raison d’espérer la voix de la Bohême à cause des liens qui unissaient ce pays à l’Autriche, et parce qu’il venait de marier la veuve de Ferdinand d’Aragon au margrave Albert de Brandebourg, qui exerçait une grande influence en Bohême. François Ier avait négligé de faire épouser, comme il l’aurait pu, cette princesse à Lautrec. Langhac et Antoine Lamet, qu’il avait fait partir pour la Pologne sous un déguisement, avaient obtenu de bonnes paroles du roi Sigismond, qui n’avait pas été insensible à l’argent de France[4]. Il avait envoyé de plus le duc de Suffolk vers les états de Bohême assemblés à Prague, mais le duc n’y était pas arrivé avant le départ du chancelier Ladislas Sternberg,

  1. Lettres des ambassadeurs de François Ier à ce prince, du 10 et 14 mai. (Mss. de La Mare, 10332/3, f° 141 et 146.) Vers la fin de mai, les ambassadeurs montrèrent à l’archevêque de Trêves les lettres de la Relaxacion des sermens. (lettre du 27 mai à François Ier. Ibid., f° 157.) Archives, carton J, pièce 42. — De son côté, le roi Charles envoya lettres pour deschargier les dicts électeurs de leur promesse. — Le roi de Castille à ses députés en Allemagne, le 20 avril. — Le Glay, Négociations, etc., t. II, p. 437.
  2. Lettre des ambassadeurs de François Ier à ce prince, du 27 mai. Mss. de La Mare 10332, f° 157.
  3. L’original sur parchemin, signé par le roi, contre-signé par Robertet, daté du 12 mai et muni du sel en cire jaune. Archives, carton J. 952, pièce 17.
  4. « Dieu est vray, écrit Bonnivet au comte palatin, que je diz à vostre chancelier que Poulogne avoit prins argent de nous, et que leurs ambassadeurs avoiont charge de donner leur voix au dt Sgr roy, » Lettre écrite le 20 ou le 27 juin. Mss. de La Mare 10330/3, f° 172.