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procurer l’empire au seigneur François, roi des Français, non-seulement nous ne l’empêcherons pas, mais nous y contribuerons de toutes nos forces et par notre vote[1]. »

L’archevêque de Mayence suivit assez promptement l’exemple de son frère le margrave. Ayant appris les arrangemens convenus avec le chef et dans l’intérêt de la maison de Brandebourg, il avait donné le 12 octobre de pleins pouvoirs, pour traiter de sa part en France, à l’un des hommes qui faisaient l’ornement de sa petite cour splendide et lettrée, au célèbre Ulric de Hutten, qui représentait à la fois les idées nouvelles et les mœurs anciennes de l’Allemagne érudite et guerrière. « Par ces lettres patentes, disait-il, nous déclarons et faisons savoir que nous députons le vaillant et parfaitement docte notre féal et notre conseiller Ulric de Hutten, chevalier à l’éperon d’or et docteur, auprès du sérénissime et très chrétien prince François Ier, roi des Français, notre seigneur et notre ami, afin qu’il conclue avec sa sérénité et en notre nom un pacte de solide alliance, et qu’il y termine certaines autres affaires que nous lui avons commises….. Tout ce qu’il aura conclu, nous le tiendrons pour ferme et inébranlable[2]. » L’archevêque vendit mystérieusement le suffrage[3] que le margrave avait vendu éventuellement.

François Ier n’avait plus qu’un vote à acquérir pour disposer de la majorité électorale. Il gagna[4] celui du comte palatin Louis, qui lui offrit de travailler au succès de l’affaire si bien connue de sa majesté en répandant son argent en Allemagne, et qui supplia toutefois de jeter sa lettre au feu[5]. Avec les quatre voix de Trêves, de Brandebourg, de Mayence et du Palatinat, il put se croire assuré de l’empire et rêver en sa faveur le. rétablissement de la puissance de Charlemagne sur le continent. Se regardant déjà comme le chef convenu de l’Allemagne, il étendit dans cette vaste contrée ses rapports et son influence pour la mieux préparer à sa prochaine souveraineté. Outre les quatre électeurs dont il était devenu le confédéré et le candidat, il se fit d’utiles alliés et il entretint de puissans pensionnaires dans

  1. Archives générales de France, carton J. 952, pièce 3. L’original sur parchemin, signé de l’électeur et muni de son scel en cire jaune.
  2. Ibid. L’original sur parchemin.
  3. Ibid. L’original sur parchemin. « Christianissimus rex habet in scriptis fidem et promissionem dicti archiepiscopi maguntini. » Iiistmctions du 23 octobre 1518 à J. de Moltzan. Carton J. 952, p. 8.
  4. « Iceluy conte palatin a juré et promis que advenant icelle vacation (de l’empire) eslira le dit seigneur et lui aideroit envers les autres pour le faire eslire. » Instruction de février 1519 pour Cordier (conseiller du roi en son grand conseil) et La Mothe au Groing (l’un des gentilshommes d6 la maison du roi), envoyés auprès de l’électeur. Bibl. nat. Mss. de La Mare, ( ???)
  5. L’original a été conservé et se trouve dans le carton J. 995.