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dans la seconde chambre s’est terminée par le rejet de cette proposition. Le vote de la seconde chambre vide la question politique, il laisse entière la question même de la réforme des impôts, et c’est là, à ce qu’il semble, l’impression universelle en Hollande, où ces débats ont servi à alimenter la vie publique aux derniers jours de l’année. En ce moment aussi la Hollande vient de nommer pour son ministre à Paris M. de Lightenvelt, à la place de M. le baron Fagel, qui a si longtemps et si honorablement représenté son pays en France. M. de Lightenvelt, ministre du culte catholique, est remplacé dans le cabinet hollandais par M. Mutsaers, membre de la haute cour de La Haye.

L’Espagne marche d’un pas moins aisé et moins sûr dans la voie constitutionnelle. L’année s’ouvrait pour elle par une crise politique ; elle s’est continuée de crise en crise, et elle finit aujourd’hui comme elle a commencé, car on ne saurait évidemment considérer comme un état régulier la situation où se trouve la Péninsule. Ce n’est pas que le gouvernement ait en ce moment à disputer son existence dans les orages parlementaires ; les cortès sont suspendues, on le sait ; il y a même en politique, au-delà des Pyrénées, un instant de halte qu’explique la proximité des couches de la reine Isabelle. Le cabinet gouverne comme ont gouverné ses prédécesseurs : il promulgue, en vertu de son autorité propre, le budget de 1854 ; mais enfin les difficultés de la situation ne sauraient être longtemps éludées. Voici deux ans déjà que ces difficultés durent, et le moment est visiblement venu où il y a un parti décisif à prendre. Le cabinet espagnol est, dit-on, dans l’intention de rappeler prochainement les cortès, en introduisant dans le sénat un certain nombre de membres nouveaux qu’on désigne même par leurs noms à Madrid. Outre que ce moyen est d’un effet problématique, lors même que le comte de San-Luis réussirait à déplacer la majorité de quelques voix, se trouvera-t-il moins en présence d’une opposition considérable et passionnée ? Ne verrat-on pas renaître bientôt cette alternative de la retraite du ministère ou de quelque coup d’autorité tenté contre les cortès ? Et cette alternative se réalisant, si le ministère se retire, où pourrait-on trouver les élémens d’un gouvernement nouveau sûr d’une majorité quelconque dans la dissolution actuelle des partis ? Si au contraire les conseils de la reine Isabelle lui dictent quelque acte de prérogative souveraine, ne voit-on pas dans quelle incertitude peut tomber encore mie fois la Péninsule ? Il est des personnes, nous le savons, qui voient l’avenir de l’Espagne sous de sombres couleure, qui croient presque à une révolution prochaine. Il n’est point dit certainement que l’anarchie ne puisse un jour ou l’autre se frayer quelque issue à travers cette situation. Quant à une révolution réelle venant toucher à la monarcliie telle qu’elle existe au-delà des Pyrénées, d’où naîtrait-elle ? Pour qu’un mouvement de ce genre éclate dans un pays, il faut quelque cause profonde et puissante ; il faut qu’il y ait quelque courant d’opinion contrariée, quelque passion populaire violemment comprimée. La vérittî est qu’il n’y a rien de tout cela au-delà des Pyrénées, que la masse du pays n’est pour rien dans les crises actuelles, et que l’agitation scconceiilrc paiiui les hommes politiques, malheureusement divisés par d’invincibles anlii)athics. On l’a vu récemment : le ministère actuel a porté au pouvoir le programme de l’opposition, et l’opposition ne s’est pas montrée moins sévère envers lui. C’est contre le comte