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bataille de Coutras, et rendit des services considérables à Henri IV, qui le choisit pour être gouverneur de Louis XIII charge importante qui lui valut le bâton de maréchal de France, comme plus tard à Nicolas de Neuville, le premier duc et maréchal de Villeroy. Elle eut deux sœurs : l’aînée, qui fut Mme de Lansac, fort remarquée à la cour de Marie de Médicis ; la cadette, qui, s’étant faite religieuse, devint abbesse de Saint-Amand, à Rouen, et paraît avoir apporté cette abbaye dans la maison de Souvré, puisqu’après elle deux de ses nièces lui succédèrent à la tête de ce monastère. De ses quatre frères, le plus connu est Jacques de Souvré, chevalier de Malte, qu’on nommait ordinairement le commandeur de Souvré, qui devint grand-prieur de France, fit bâtir le superbe hôtel du Temple pour être la demeure ordinaire des grands prieurs, et mourut en 1670[1]. Disons aussi qu’une des nièces de Madeleine de Souvré, Anne de Souvré, marquise de Courtenvaux, épousa Louvois en 1662, et qu’une de ses petites-filles, la fille du marquis de Laval, fut mariée la même année à un autre favori de Louis XIV, le marquis de Rochefort, depuis maréchal de France.

Jusqu’ici on a fait naître[2] Madeleine de Souvré en 1608 ; mais un document authentique, le Nécrologe de Port-Royal, dit qu’elle mourut « le 16 janvier 1678, à l’âge de soixante-dix-neuf ans ; » elle était donc née certainement en 1599, à peu près avec le XVIIe siècle, et elle l’a presque accompagné jusqu’au bout de sa carrière, ou du moins jusqu’à ce moment fatal où, parvenu au faite de la grandeur en toutes choses, il n’avait plus qu’à décliner.

Une fille de gouverneur de roi, qui d’ailleurs avait beaucoup d’agrémens personnels, ne pouvait manquer d’être fort recherchée. Un Journal inédit de la cour et de Paris, depuis le 1er janvier 1614 jusqu’au 31 décembre 1619[3], nous apprend que c’est le 9 janvier 1614 que Madeleine de Souvré épousa Philippe-Emmanuel de Laval-Montmorency, seigneur de Bois-Dauphin, fils du maréchal de Bois-Dauphin, et marquis de Sablé[4]. On ne sait pas autre chose de son mari, sinon qu’il mourut en 1640, et qu’elle en eut quatre enfans : une fille, Marie de Laval, religieuse à Saint-Amand de Rouen ; Henri, doyen de Tours, évêque de Saint-Pol-de-Léon, puis de La Rochelle[5] ; Urbain de Laval, marquis de Bois-Dauphin, mort en 1661 ;

  1. On en a un très beau portrait in-folio, gravé par Lenfant, en 1667, d’après Pierre Mignard. Son mausolée et sa statue, de la main de Michel Anguier, étaient autrefois à Saint-Jean-de-Latran, et on les peut voir encore au musée du Louvre.
  2. Les éditeurs de Tallemant des Réaux, tome II, page 320.
  3. Manuscrits de Conrart, in-4, tome XI, p. 197.
  4. Sablé est une petite ville du Maine, dont Ménage a écrit l’histoire. Histoire de Sablé, Paris, 1686, in-4o.
  5. L’évêque de La Rochelle est mort en 1693 : on en a quatre beaux portraits gravés ; les deux meilleurs sont ceux de Boulanger et de Lenfant.