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déclaration n’empêcha pas le comte de Buol de mettre de côté la note de Rechid-Pacha et de s’en tenir à la note amendée par la conférence. « Je ne considère pas, dit-il a ses collègues, la déclaration de Rechid-Pacha aux ambassadeurs comme applicable à la note que je propose, car cette note protège aussi efficacement l’honneur et les intérêts de la Porte que celle de Rechid-Pacha[1]. » Ainsi la combinaison de Constantinople fut considérée comme non avenue, tant la France et l’Angleterre, aussi bien que l’Autriche, redoutaient tout ce qui pourrait non-seulement empêcher, mais retarder le succès de la note de Vienne.

Le projet de Rechid-Pacha étant écarté de la sorte, la note de Vienne fut lue pour la dernière fois et définitivement adoptée dans la séance de la conférence du 31 juillet. Elle fut expédiée à Constantinople le 1er août par un colonel autrichien également porteur d’une lettre autographe de l’empereur François-Joseph au sultan.

La Russie se hâta de donner son acceptation. Elle la fit connaître dès le 3 août par le télégraphe. Le 6, M. de Nesselrode envoya l’adhésion officielle de son gouvernement dans une note adressée à M. de Meyendorf, et dont voici les passages principaux :


« Vous connaissez, monsieur le baron, le désir très-sincère de la part de notre auguste maître de faire cesser, autant que cela peut dépendre de lui, les anxiétés que l’on éprouve en Europe, avec quelque exagération peut-être, à l’occasion de notre différend actuel avec la Turquie. Sa majesté vous charge en conséquence, monsieur le baron, de déclarer au ministère de l’empereur François-Joseph, ainsi qu’à vos collègues de France, d’Angleterre et de Prusse, que pour notre part nous acceptons tel quel le dernier projet de note formulé à Vienne, et qu’un ambassadeur du sultan porteur de ce document serait reçu à Saint-Pétersbourg sans aucune difficulté et avec tous les égards d’usage.

« Je crois superflu de faire observer ici à votre excellence qu’en accueillant, comme nous le faisons, par esprit de conciliation, l’expédient concerté à Vienne de la note dont il s’agit, et l’envoi d’une ambassade turque, nous entendons bien ne plus avoir à examiner ou à discuter de nouvelles modifications et de nouveaux projets élaborés à Constantinople sous les inspirations belliqueuses qui paraissent dominer à cette heure le sultan et la plupart de

  1. The earl of Westmorland to the earl of Clarendon, july 31. Corresp., part II, n° 45.