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avec soin toute expression qui y aurait attaché le sens d’une obligation contractuelle. La Porte y parlait en vertu de sa pleine autorité ; au lieu de s’engager vis-à-vis de l’empereur de Russie, elle se bornait à lui annoncer poliment les garanties qu’elle venait de sa propre initiative d’accorder aux Grecs ; quant à l’extension aux Grecs des privilèges qui seraient accordés à d’autres rits, Rechid-Pacha circonscrivait et définissait sa promesse : il n’était question que de privilèges spirituels et de privilèges accordés aux autres sujets chrétiens du sultan.


« Dans les communications écrites et verbales de son excellence le prince Menchikof, le gouvernement a vu avec un profond regret des expressions qui ont trait aux doutes et au manque de confiance que la Sublime-Porte aurait conçus relativement aux intentions de sa majesté l’empereur de Russie.

« Mais comme la confiance et la sécurité de sa majesté le sultan envers sa majesté l’empereur, son auguste allié et son voisin, sont infinies, et que les qualités éminentes et lis sentimens équitables de sa majesté l’empereur ont atteint un degré d’évidence qu’on a eu l’habitude d’apprécier grandement, je me fais un honneur de déclarer que la plus chère espérance de mon auguste maître le sultan est de raffermir et de consolider constamment les relations qui existent heureusement entre les deux augustes cours.

« Quant aux privilèges religieux des moines de l’église grecque, il est de l’honneur du gouvernement de la Sublime-Porte de faire observer à tout jamais et de préserver de toute atteinte, soit présentement, soit dans l’avenir, la jouissance des privilèges spirituels qui ont été accordés par les augustes aïeux de sa majesté, et qui sont maintenus et continués par elle.

« Et dans le cas où, à l’avenir, des privilèges spirituels, de quelque nature, qu’ils soient, seraient accordés à ses autres sujets chrétiens, il résulte nécessairement des sentimens de sollicitude que la Porte professe pour ses sujets, qu’elle n’en privera pas non plus les moines grecs. Le gouvernement a vu d’ailleurs avec un vif regret que cette constante intention de la Sublime-Porte ait pu être mise en doute.

« Au reste, comme le firman impérial qui vient d’être donné au patriarche grec, et qui contient la confirmation de leurs privilèges spirituels, devra être regardé comme une nouvelle preuve de ces nobles sentimens, et comme en outre la proclamation de ce firman, qui donne toute sécurité, devra faire disparaître à tout jamais toute crainte à l’égard du rite qui est la religion de sa majesté l’empereur, je suis heureux d’être chargé du devoir de faire la présente notification

« Quant à la garantie que, dans l’avenir, il ne sera rien changé aux lieux de visitation à Jérusalem, la Sublime-Porte promet officiellement qu’il ne sera apporté aucun changement sans que les gouvernemens de France et de Russie n’en soient informés ; une note officielle a été remise dans ce sens à l’ambassade de France.

« Sa majesté ayant daigné accorder la construction d’une église et d’un hôpital pour les Russes à Jérusalem, le gouvernement de la Sublime-Porte est prêt et disposé à signer, à la suite de conférences, un acte solennel, tant