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Ici, pour faire comprendre et la nature de l’expédient de M. de Buol et le point de départ des efforts ultérieurs de la conférence de Vienne, nous devons mettre sous les yeux de nos lecteurs la note du prince Menchikof et la note de Rechid-Pacha. Voici le projet de note que le prince Menchikof, avant de quitter Constantinople, et M. de Nesselrode, dans son ultimatum, avaient voulu faire souscrire à la Porte. Pour ramener l’attention du lecteur sur le point précis du débat, nous soulignons dans ce document toutes les expressions qui tendaient à lier la Porte vis-à-vis de la Russie dans le sens du protectorat des Grecs :


« La Sublime Porte, après l’examen le plus attentif et le plus sérieux des demandes qui forment l’objet de la mission extraordinaire confiée à l’ambassadeur de Russie prince Menchikof, et après avoir soumis le résultat de cet examen à sa majesté le sultan, se fait un devoir empressé de notifier par la présente à son altesse l’ambassadeur la décision impériale émanée à ce sujet par un iradé suprême en date du - - (dates musulmane et chrétienne).

« Sa majesté, voulant donner à son auguste allié et ami l’empereur de Russie un nouveau témoignage de son amitié la plus sincère et de son désir intime de consolider les anciennes relations de bon voisinage et de parfaite entente qui existent entre les deux états, plaçant en même temps une entière confiance dans les intentions constamment bienveillantes de sa majesté impériale pour le maintien de l’intégrité et de l’indépendance de l’empire ottoman, a daigné apprécier et prendre en sérieuse considération les représentations franches et cordiales dont l’ambassadeur de Russie s’est rendu l’organe en faveur du culte orthodoxe gréco-russe professé par son auguste allié ainsi que par la majorité de leurs sujets respectifs.

« Le soussigné a reçu en conséquence l’ordre de donner par la présente note l’assurance la plus solennelle au gouvernement de Russie, que représente auprès de sa majesté le sultan son altesse le prince Menchikof, sur la sollicitude invariable et les sentimens généreux et tolérans qui animent sa majesté le sultan pour la sécurité et la prospérité dans ses états du clergé, des églises et des établissemens religieux du culte chrétien d’Orient.

« Afin de rendre ces assurances plus explicites, préciser d’une manière formelle les objets principaux de cette haute sollicitude, corroborer par des éclaircissemens supplémentaires, que nécessite la marche du temps, le sens des articles qui, dans les traités antérieurs conclus entre les deux puissances, ont trait aux questions religieuses, et prévenir enfin à jamais toute nuance de malentendu et de désaccord à ce sujet entre les deux gouvernemens, le soussigné est autorisé par sa majesté le sultan à faire les déclarations suivantes :

« 1° Le culte orthodoxe d’Orient, son clergé, ses églises et ses possessions, ainsi que ses établissemens religieux, jouiront dans l’avenir sans aucune atteinte, sous l’égide de sa majesté le sultan, des privilèges et immunités qui leur sont assurés ab antiquo, ou qui leur ont été accordés à différentes