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d’où partent des rayons est tellement naturel, qu’il a pu se présenter à des peuples qui n’avaient entre eux aucune communication. M. Ramirez a cherché à interpréter, et ce me semble d’une manière fort ingénieuse, des figures hiéroglyphiques tracées sur la pierre et qui sont, selon lui, de véritables inscriptions historiques[1]. Il pense en avoir déchiffré les dates, et rapporte une de ces inscriptions à l’année 1507, quand pour la dernière fois les Mexicains rallumèrent le feu sacré à l’occasion du nouveau cycle qui devait durer plus que leur empire. Dans une autre inscription, M. Ramirez trouve même l’indication du mois et de jour, et lit la date du 28 novembre 1456. Le but de cette inscription aurait été, selon M. Ramirez, de célébrer le retour de l’abondance après sept ans de famine. Il rapporte à la même époque le traité par lequel plusieurs états mexicains convinrent de se faire la guerre dans la pensée étrange d’avoir des prisonniers pour les offrir aux dieux. Une troisième inscription a donné à M. Ramirez le 19 février 1447 comme date de la fondation du grand temple sur l’emplacement duquel s’élève la cathédrale de Mexico. On n’est guère en état de discuter ces résultats ; ils témoignent d’efforts sérieux tentés au Mexique pour l’interprétation des monumens indigènes. Puissent-ils exciter l’émulation des savans européens !

Il n’y a pas pour comprendre la langue des Aztèques les mêmes difficultés que pour déchiffrer leur écriture. On possède de cette langue des dictionnaires et des grammaires ; seulement celles-ci, suivant l’usage, ont trop été modelées sur les grammaires latines. La langue aztèque est parlée dans les rues de Mexico, et il y a dans cette ville, au Collège des Indiens, un professeur chargé de l’enseigner : il s’appelle Chimalpopocan (bouclier fumant). Ce nom a été celui d’un empereur du Mexique. M. Chimalpopocan a la prétention d’être un peu neveu de Montezuma ; il m’a même affirmé que lors de l’expédition des États-Unis, on lui avait fait à ce sujet quelques ouvertures, mais qu’il n’avait vu là que des intrigues auxquelles il avait eu soin de ne pas se prêter. M. Chimalpopocan a bien voulu me donner une leçon de prononciation aztèque. Cette prononciation n’est pas difficile pour des Français, car la langue aztèque offre plusieurs des sons que le français possède à l’exclusion de la plupart des autres langues, l’u, le ch. La lettre x, qui abonde dans les noms mexicains et leur donne une apparence si barbare, doit être prononcée comme notre ch. La prononciation véritable du mot Mexico est donc Mechico, et non, à l’espagnole, Mehico. J’ai visité à cette

  1. Voyez les dissertations placées à la suite de la traduction espagnole de l’Histoire du Mexique de Prescott, imprimée à Mexico.