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titre d'Hexamoeron une foule de traités destinés à célébrer l’œuvre des six jours, à décrire les merveilles de la nature, à expliquer, comme on le dira plus tard, les curiosités des bêtes. Saint Justin, Papias, saint Théophile d’Antioche, saint Patène, saint Clément, saint Basile, saint Eustathe, Tertullien, Lactance, saint Augustin, saint Ambroise, s’exercent comme à l’envi sur ce sujet magnifique, mais ils le traitent en théologiens et nullement en naturalistes ; ils prennent leur science toute faite dans les livres et les traditions antiques, et ils la donnent telle qu’ils l’ont trouvée, sans la contrôler et sans chercher à l’étendre. Ils admettent sans examen toutes les traditions, et comme le monde n’est pour eux qu’un vaste symbole, ils s’attachent, ainsi que le dit saint Augustin à propos de l’aigle usant contre la pierre son bec devenu trop long, à considérer la signification des faits et non à en discuter l’authenticité, cette méthode, consacrée par les plus grands noms de la primitive église, fut respectueusement adoptée par le moyen âge. Personne ne s’occupa de la vérifier, à l’exception peut-être d’Albert le Grand, qui, dans son Traite des animaux, des végétaux et des minéraux, discute avec une certaine sûreté de critique quelques-unes des folles imaginations de son temps. Tous les écrivains qui depuis le Ier siècle de notre ère jusqu’au XVIe traitent du monde et des êtres qui le peuplent ne font que répéter des cireurs traditionnelles dont la plupart remontent aux âges les plus reculés de l’antiquité. Les faits réels empruntés à l’observation de la nature, qui peuvent se rencontrer dans leurs œuvres, y sont égarés et tellement travestis, qu’on a peine à les saisir. Depuis le Physiologus, qui malheureusement ne nous est connu que par le commentaire de saint Épiphane, et qu’on peut regarder comme le plus ancien livre chrétien composé sur le sujet qui nous occupe, jusqu’aux écrits d’Aldrovande, qui ressuscite le premier, en remontant à Aristote, les véritables traditions, la science reste immobile dans son ignorance et sa crédulité, ou plutôt il n’y a point de science, mais seulement un rêve qui se perpétue pendant de longs siècles, sans que personne cherche à faire la part de l’erreur ou de la vérité. Isidore de Séville, Hildeberl du Mans, Raban-Maur, Vincent de Beauvais, Brunetto Latini, Herrade de Landsberg, Barthélémy de Glanvil, Bernard de Chartres, Honoré d’Autun, Osmons, Guillaume le Normand, dans le Grand et le Petit Monde, l’Image du Monde, le Trésor, le Jardin des Délices, les Bestiaires et les Volucraires, ne font que répéter les légendes et les fables que chaque génération se transmettait à son tour, et qui, reproduites par les encyclopédistes, les romanciers et les poètes, étaient toujours acceptées avec la même confiance et la même bonne foi.

Les nomenclatures zoologiques du moyen âge sont en général très