détruire un grand nombre de ces antiquités comme suspectes d’idolâtrie-, de plus, le musée de Mexico est dans un état de confusion et de désordre qui ne permet guère de l’étudier avec fruit : non qu’il ne renferme des objets fort curieux, seulement il est impossible de s’y orienter; tout est pôle-môle, et des morceaux dont la provenance mexicaine est plus que douteuse sont confondus avec des monumens authentiques. Parmi les objets véritablement mexicains, il en est qui appartiennent évidemment à des races diverses et à des époques de l’art tout à fait dissemblables. Cette circonstance concorde avec la variété des langues parlées dans l’ancien Mexique et la multiplicité des types que présente encore aujourd’hui la population indigène. Il y a donc là un chaos à débrouiller, et il sera difficile de le faire tant que le musée de Mexico sera lui-même un chaos, sans catalogue, sans méthode, sans indication assurée de l’origine des monumens. Le fait de la diversité de ces origines est la seule conclusion qu’on puisse aujourd’hui déduire de cette collection en désordre; mais, rapprochée de la variété des langues et des races du Mexique, une telle conclusion est importante, car elle atteste dans ce pays, conformément à ce que son ancienne histoire nous indique, des âges et des centres de civilisation distincts. Ainsi, tout ce que l’on m’a dit venir de la province méridionale d’Oajaca offre un caractère et un style particulier. A côté de figures difformes, il en est qui montrent une régularité de traits assez grande et semblent faire preuve d’un art plus avancé. J’ai remarqué quelques-uns de ces masques que d’après une coutume bizarre on mettait sur le visage des idoles quand le roi était malade; ils ne manquent point d’une certaine beauté calme. Quelques figures ont de la vie, et l’une d’elles est d’une étonnante réalité. Ces figures diffèrent notablement des images informes et grotesques dans lesquelles on est accoutumé à contempler les monstrueuses combinaisons de l’art mexicain. Je puis dire que le musée de Mexico a changé mes idées sur le caractère de cet art, au moins sur une portion de son histoire. Les sculptures les plus considérables sont placées sous un hangar dans la cour du musée. Là est la, pierre des sacrifices, destinée à l’immolation des victimes humaines. L’affreuse destination de ce monument est contestée. M. de Humboldt croit plutôt que cette pierre servit de théâtre à ce duel à mort qu’un condamné à la peine capitale obtenait parfois la permission de livrer; s’il parvenait à triompher de six guerriers mexicains, sa vie était épargnée. En effet, sur le pourtour de la pierre sont deux combattans aux prises.
C’est en somme un étrange aspect que celui de tous ces débris de l’art des anciens Mexicains. Non loin d’une tête de femme dont la coiffure et un peu le style rappellent la sculpture égyptienne, une tête