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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 novembre 1853.

Il est des instans, après que tout a été essayé pour conjurer une crise, où nul commentaire, nulle conjecture possible ne saurait égaler un acte. Les événemens, parlant par eux-mêmes, se mettent au-dessus des combinaisons les plus habiles, et se chargent de se faire leur place en jetant des élémens nouveaux dans les grandes situations politiques. C’est ainsi que tout l’intérêt qui s’attache aux affaires d’Orient n’est plus aujourd’hui à Vienne, à Paris, à Londres ou à Constantinople même, c’est-à-dire là où la diplomatie agit, négocie et multiplie les plans d’arrangement : il est sur les bords du Danube et en Asie, là où les années sont en présence, là où on combat déjà, et où, d’un jour à l’autre, un choc décisif peut modifier singulièrement la face des choses. Pour le moment, c’est le poids de l’épée qui peut faire pencher la balance. Qu’est devenue la dernière tentative de conciliation qui se produisait récemment à Constantinople comme un expédient suprême à la veille de la lutte ? Elle n’a pas même été une illusion. C’était sans doute le résultat de la fameuse entrevue d’Ollmütz, se manifestant par une dernière proposition diplomatique de l’internonce autrichien. Les représentais des puissances européennes ne se sont nullement refusés à demander un ajournement dans l’ouverture des hostilités. Par ce qu’il y a eu de peu sérieux et de peu décisif dans cette démarche nouvelle, l’Autriche a pu voir une fois de plus ce qu’il y aurait de peu efficace dans l’action isolée d’un gouvernement. La vérité est que si la question qui s’agite en Orient était un simple différend entre le sultan et le tsar, il n’y aurait point à intervenir, et la Russie pourrait justement revendiquer le droit de vider elle-même sa querelle ; si c’est au contraire une question qui engage un intérêt européen, il n’est point d’arrangement, de palliatif qui se présente avec quelque chance sérieuse, s’il n’a été élaboré et adopté par L’Europe tout entière, disposée à le soutenir, tandis que cette dernière et vaine tentative faisait un moment diversion à Constan-