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« Un peuple en désordre, effréné, dit le livret, court et remplit la place. Un héraut d’armes se présente accompagné de plusieurs magistrats, s’oppose à sa course et lui dit :

Au nom de la patrie,
Qui vous presse vous prie,
Rentrez dans le devoir : aux accens de ma voix,
Peuple, séparez-vous, pour la troisième fois.

CŒUR DU PEUPLE en désordre.

Tout est changé. Quoi qu’on ordonne,
Nous n’obéirons à personne.

« Le magistral fait un signal. — Marche de soldats armés, serrés en bataillon, avec une bannière portant ce vers en or sur un fond rouge :

La libellé n’est pas d’abuser de ses droits.

« Seconde marche d’un groupe de citoyens paisibles, bannière bleue avec ce vers en blanc :

La liberté consiste à n’obéir qu’aux lois.

« Troisième marche d’un groupe de jeunes cultivateurs des deux sexes couronnés de fleurs et portant des gerbes et des fruits. Bannière rose, avec ce distique de couleur verte :

De la liberté sans licence
Naît le bonheur, naît l’abondance.

« Quatrième marche d’un groupe de prêtres de la Mort précédés d’un tam-tam ou cloche de l’Inde, suspendue, portée par deux prêtres, formant une espèce de tocsin. Bannière noire avec des lettres d’argent, et pour légende :

Licence, abus de liberté,
Sont les sources du crime et de la pauvreté.

« Urson s’est mis à la tête des soldats quand ils ont passé ; Tarare se met à la tête des citoyens paisibles ; Astazie s’est mêlée aux jeunes cultivateurs des deux sexes. »


« Cette marche imposante, dit le livret, fait doucement reculer le peuple : Il reparaît modeste à la fin de la marche générale, » et Tarare chante :

Mes amis, plaignons leur erreur ;
Victime de quelque barbare,
Quand ce bon peuple est en rumeur,
C’est toujours quelqu’un qui l’égare.

L’opéra se terminait ensuite, comme dans le texte imprimé, par un grand coup de tonnerre, suivi de l’apparition de la Nature et du Génie du feu descendant du ciel sur le char du Soleil.

Ainsi arrangé au goût du jour en 1790, ce dernier acte de Tarare avait été présenté d’abord au maire de Paris, Bailly, qui, après l’avoir examiné, écrit à la fin du manuscrit la note suivante :