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dissolution du Foker-Thing, et de nouvelles élections furent annoncées pour la fin de février.

La nouvelle chambre se réunit le 7 mars dernier ; mais il ne semblait pas qu’un eût beaucoup gagné par cet appel aux électeurs. Malgré tous les stratagèmes des Amis des paysans, alliés du ministère, M. Tscherning, la seule tête vraiment politique de ce parti, n’avait pas été réélu. Sa chute, accompagnée de celle de deux membres du cabinet, avait été un grave échec. Des 45 députés ministériels, 37 étaient réélus ; des 50 de l’opposition, 35. Parmi les députés nouveaux, 10 étaient ministériels et 13 de l’opposition. On pouvait donc prévoir que la nouvelle assemblée serait composée à peu près comme la première. En effet, aussitôt qu’elle fut réunie, elle nomma pour son président M. Madvig, ancien ministre de 1848 à 1853, l’un des auteurs de la constitution, et pour l’un des deux vice-présidens M. Spandet, qui faisait aussi partie de la gauche. Enfin l’opposition s’y montra la même, et le ministère fit prononcer une seconde dissolution. Le péril devenait imminent, et il semblait qu’entre la résistance des chambres et la persistance d’un cabinet auquel le roi ne retirait pas sa confiance, une révolution seule pouvait décider ; mais le patriotisme réfléchi de la nation danoise accepta une soumission devenue nécessaire. On se résigna à penser que le Danemark n’était pas assez fort pour lutter seul contre la volonté de quelques-unes des grandes puissances de l’Europe ; les membres de l’opposition refusèrent un nouveau mandat et concoururent eux-mêmes à l’élection de députés ministériels qui acceptèrent enfin les propositions du gouvernement.

Telle a été l’issue de la crise. On peut dès aujourd’hui en indiquer les conséquences. En premier lieu, le triomphe des partisans du heelstat a déjà nécessairement amené d’une part cette séparation tant regrettée par le parti de l’Eider entre le Slesvig et le royaume de Danemark (Jutland et îles), de l’autre une révision de la constitution de 1849. Le gouvernement a présenté à l’examen des nouvelles chambres un projet de loi fondamentale pour le royaume, c’est-à-dire, ne l’oublions pas, pour le Jutland et les îles, car le Slesvig, le Holstein et le Lauenbourg continueront à être régis par leurs états provinciaux. Cette loi fondamentale ne doit point être confondue avec la constitution commune qui sera rédigée plus tard et qui embrassera toutes les parties intégrantes de la monarchie danoise, royaume et duchés. Par conséquent tout ce qui concerne l’armée, la flotte, l’administration générale des finances, des postes et des douanes, en est banni pour trouver place dans la constitution commune. D’après la loi nouvelle, la diète qui s’assemble à Copenhague, le Rigsdag, n’offre plus décidément qu’une représentation partielle et