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à l’auteur bien connu des recueils de documens concernant les Augustenbourg.

C’est dans le livre de M. Wegener que l’opposition parlementaire du Danemark puisa ses principaux argumens. La demande du ministère était, suivant elle, inutile et dangereuse : inutile, car dans les actes officiels et dans les pièces diplomatiques communiqués par le gouvernement à la commission (à moins qu’il n’y eût dans la série de ces documens quelque lacune), rien n’indiquait la nécessité prétendue d’abolir la loi royale, dont l’observation au contraire, sans cesse invoquée, expliquait seule les renonciations de la princesse de Hesse, de ses enfans et de la princesse Louise de Glucksbourg elle-même. Cette demande était dangereuse surtout, dangereuse à beaucoup de litres. -Vous assurez, disait l’opposition, qu’il est de toute nécessité d’établir pour tout le Danemark, au moment où le principe de son intégrité est reconnu, une seule et même loi de succession au trône. Cela est vrai : il est certainement fâcheux que la loi salique, observée dans une partie du Holstein, non consentie en Danemark, apporte un nouveau germe de division dans une monarchie déjà si partagée ; mais pourquoi est-ce donc la loi de succession suivie dans une partie d’un duché simple annexe de la monarchie danoise qui doit, selon vous, l’emporter sur l’antique loi du royaume ? Et pourquoi, si vous consentez ainsi à abolir en Danemark la succession par les femmes, acceptez-vous la réserve par laquelle l’empereur de Russie a déclaré que les prétentions des Gottorp revivraient lors de l’extinction de la descendance mâle du duc de Glucksbourg ? Est-ce que par là vous n’enlevez pas toute garantie à la couronne de Danemark ? Le duc de Glucksbourg, candidat accepté de l’Europe et de la nation, n’a pour le moment que deux jeunes fils ; l’aîné a dix ans et le second huit. Ne se peut-il pas que ces deux enfans soient enlevés par la mort, et qu’arrivera-t-il par suite d’un pareil malheur, qu’il n’est assurément pas bien téméraire de prévoir ? Ce jour-là, si la loi royale qui admet la descendance féminine n’existe plus, le tronc du Danemark se trouve sans héritier ; mais en même temps les prétentions des Gottorp, réservées par les derniers actes diplomatiques, revivent : une partie du Holstein a donc un héritier, et cet héritier est évidemment plus voisin de la couronne danoise que tout autre prince étranger. Ne viendra-t-il pas aussi un jour où le prince qui aura hérité d’une partie du Holstein sera, au nom du principe de l’intégrité danoise, désigné comme héritier de tout le Danemark ? Et quel sera ce prince ? Un fils de l’empereur de Russie ou l’empereur de Russie lui-même. Si vous échappez à ce danger-là, voici quel autre péril vous attend. Les princes de la maison de Gottorp ont conservé des prétentions sur le Slesvig. Ils les feront valoir très facilement quand