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régnant, Frédéric VII, et après le prince héréditaire Frédéric-Ferdinand, frère de Christian VIII, âgé de soixante-un ans et sans enfans, l’ordre de succession désignait évidemment la sœur du prince héréditaire, Mme la landgrave Louise-Charlotte de Hesse, et après elle ses enfans et leurs lignes dans l’ordre suivant : d’abord le prince Frédéric de Hesse, — ensuite sa sœur aînée, la princesse Marie, épouse du prince Frédéric d’Anhalt-Dessau, — et puis sa sœur cadette, Mme la princesse Louise, épouse du prince Christian de Glucksbourg.

Les prétentions douteuses, — portant sur la succession de la partie du Holstein qui avait formé jusqu’à la chute du Saint-Empire d’Allemagne le duché-fief de Holstein, à l’exception du district de Ploën, — étaient celles que mettaient en avant la maison royale de Danemark en vertu des dispositions de sa loi de succession, — le chef de la ligne principale, dite de Kiel, de la maison d’Oldenbourg, c’est-à-dire l’empereur de Russie, — enfin les princes apanages séparément (afdelte Herrer) de la ligne collatérale de Sonderbourg, nommément les princes d’Augustenbourg.

Les argumens de la ligne de Sonderbourg étaient dénués de fondemens, car longtemps avant la dissolution de l’empire d’Allemagne elle avait cédé à la maison royale de Danemark ses possessions féodales et les droits dans le Holstein qui s’y rattachent. Elle avait cessé ensuite de demander l’investiture, condition indispensable sur laquelle reposait pour cette ligne tout droit de succession dans l’ancien duché-fief de Holstein. D’ailleurs les princes d’Augustenbourg avaient compromis leurs prétentions par des mariages inégaux et avaient perdu récemment encore toute apparence de droit par leur félonie contre leur légitime souverain[1].

Il n’en était pas de même des autres prétentions, et il était reconnu que l’empereur de Russie et le roi de Danemark possédaient, en leur qualité de chefs de famille, la faculté de régler par un commun accord le droit de succession dans l’ancien duché-fief de Holstein. En vertu de cette faculté, l’empereur de Russie signa le protocole de Varsovie du 5 juin 1851, par lequel il se déclarait prêt à renoncer à ses droits éventuels en faveur du prince Christian de Glucksbourg et de sa descendance mâle. Toutefois il était entendu que les droits éventuels des deux branches cadettes de Holstein-Gottorp seraient expressément réservés, et que ceux dont le chef de la branche aînée faisait l’abandon pour lui-même et pour sa descendance mâle renaîtraient

  1. Voyez la Note diplomatique concernant l’affaire de la succession, adressée aux cabinets de Berlin, de Londres, de Paris, de Stockholm et de Vienne (Note betroeffende Arvefoelgespoergsmaalets Ordning, etc.). Elle fait partie des actes diplomatiques qui ont été communiqués récemment aux chambres danoises.