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croire que, sauf la promesse du 28 janvier, à laquelle il aurait à songer dans un temps plus ou moins éloigné, toutes les difficultés étaient tranchées, puisqu’on était d’accord avec les cabinets étrangers. Il fallait donc se hâter de vider encore quelques engagemens envers les puissances, c’est-à-dire terminer l’affaire, pendante alors, de la succession, organiser d’avance une partie des rapports communs ou mutuels entre les diverses grandes provinces de la monarchie, changer, par exemple, la ligne de douanes, etc., tout cela avant d’organiser la constitution commune. Les chambres se trouvèrent d’un avis justement opposé, puisqu’à leur sens le plus pressé était d’accomplir la promesse faite au pays, et de faire cesser, — en réglant, d’accord avec la représentation nationale, les bases de la constitution commune, — une situation pénible et à tous égards périlleuse.

Telles étaient les dispositions mutuelles du ministère et des chambres, quand le message royal (Budskab) du 4 octobre 1852 vint proposer l’acceptation du prince Christian de Glucksbourg comme héritier de la couronne danoise aux lieu et place de la descendance féminine, et l’abolition des articles 27-40 de la loi royale du 14 novembre 1665, admettant à succéder les mâles et les femmes. Cette proposition ainsi conçue, était le résultat des négociations engagées depuis le règne de Frédéric VI, continuées par Christian VIII et FrédéricVII. Aussi longtemps que vivraient le roi actuel et le prince héréditaire Frédéric-Ferdinand, son oncle, l’ordre de succession dans la monarchie danoise tout entière n’était sujet à aucune controverse ; mais à la mort du prince, s’il ne laissait pas de postérité mâle, le maintien de l’intégrité serait menacé, parce que des doutes pouvaient s’élever quant à la succession dans certaines parties de la monarchie. — En présence de cette perspective, il était devenu indispensable de choisir pour successeur éventuel un prince qui devint cessionnaire à la fois des droits incontestables et des prétentions douteuses aux différentes parties de la monarchie danoise.

Les droits incontestables étaient ceux de la maison royale danoise sur toute la monarchie, excepté une partie du Holstein[1], droits issus de la loi royale de 1665, qui appelait au trône, après l’extinction des mâles descendant de Frédéric III, premier roi héréditaire de la maison d’Oldenbourg, la descendance féminine. Après le roi actuellement

  1. C’est-à-dire non-seulement sur les parties appartenant à la couronne danoise [regnwn Danioe), à savoir les îles danoises, le Nord-Jutland, le Slesvig ou Sud-Jutland, avec les dépendances et les colonies danoises, mais aussi sur toutes les autres possessions que les rois de Danemark avaient acquises ou devaient acquérir à titre de propriété particulière., à savoir le duché de Lauenbourg, et, dans le Holstein, les anciennes possessions allodiales des Schauenbourg et le district de Ploën.