XII[1].
BEAUMARCHAIS AUX APPROCHES DE LA RÉVOLUTION.
I. — LE MARIAGE DE FIGARO DEVANT LA CRITIQUE FRANÇAISE ET LA CRITIQUE ESPAGNOLE.
Un critique assez célèbre au commencement du siècle, qui a laissé quelques bonnes pages malheureusement mêlées à beaucoup d’autres d’un ton grossier et d’une extrême pauvreté d’idées, Geoffroy, après avoir gratifié Beaumarchais d’une bordée d’injures, résumait ainsi en 1802 son opinion sur le Mariage de Figaro : « Aujourd’hui qu’il n’y a plus ni princes, ni grands seigneurs, ni parlement Maupeou, aujourd’hui qu’on juge Figaro avec l’expérience de dix siècles, ce n’est plus qu’une méchante rapsodie, qu’un salmis de quolibets, de coq-à-l’âne, de calembours, de turlupinades, de jeux de mots. Cette débauche d’esprit, ce style dévergondé, excitent encore de temps en temps le rire de la farce, mais on les méprise après en avoir ri. » Il y avait cependant en faveur de Beaumarchais un argument qui déjà, en 1802, embarrassait un peu le dédaigneux critique. « C’est une chose plaisante, dit ailleurs Geoffroy, que la destinée des auteurs dramatiques : Beaumarchais, du côté de l’art, est assurément un des moins estimables ; … cependant, les Deux Amis exceptés, toutes ses pièces sont restées, et, ce qui est plus heureux, elles se
- ↑ Voyez les livraisons des 1er et 15 octobre, 1er et 15 novembre 1852 ; 1er janvier, 1er mars, 1er mai, 1er juin, 15 juillet, 15 août et 1er octobre 1853.