Méditerranée[1]. C’est qu’en effet, depuis le moyen âge jusqu’aux temps où les planteurs des États-Unis ont écrasé toute concurrence, l’Espagne, la Sicile, la Grèce et les côtes barbaresques ont été les pays de grande production, eu égard du moins aux besoins de l’Europe.
Au point de vue agronomique, le doute ne peut donc exister sur la possibilité de cultiver le coton en Algérie. Les expériences sont nombreuses; elles sont concluantes. Toutes les espèces jusqu’aux plus estimées ont été reproduites avec un plein succès. Nous ne rapporterons pas les opinions exprimées à ce sujet par les principaux manufacturiers de Mulhouse, de Lille, de Rouen, de Saint-Quentin, de Troyes, etc. ; on pourrait croire qu’elles procèdent d’un sentiment national. Voici un autre témoignage qui ne saurait être suspect. A la grande exhibition de Londres, des spécimens de cotons algériens figuraient au milieu des beaux échantillons provenant du monde entier. Le jury anglais les a appréciés en ces termes : « L’Algérie a envoyé des échantillons très intéressans. Il faut mentionner particulièrement le beau louisiane de M. Chuffart de Birmandreis, le jumel de M. Dupré de Saint-Maur, de la province d’Oran, le jumel à soie longue, nette et de très bon usage de M. Morin, d’El-Biar; la forte et belle espèce provenant de M. Pellissier, de Kaddous. Le jury a décerné un prix-médaille (second prix) à chacun de ces quatre exposans. La collection de cotons envoyée par M. Hardy, directeur de la pépinière-modèle du Hamma, est remarquablement belle : le jury l’a aussi récompensé par un prix-médaille. D’autres beaux échantillons ont obtenu des mentions honorables. »
Signalons en outre une circonstance qui est du plus favorable augure pour l’Algérie. Comme il devient de jour en jour plus difficile à la France de lutter contre les Américains pour les tissus de pacotille, elle est obligée de se rejeter sur les articles de goût et de fantaisie, où sa supériorité, si elle n’était pas évidente, serait encore assurée par le prestige qu’exerce à l’étranger tout ce qui émane d’elle. Notre commerce d’exportation se modifie conformément à cette tendance. Pour produire des étoffes de plus en plus séduisantes, les fabricans de tissus ont besoin de fils de plus en plus fins, et c’est particulièrement aux numéros élevés que sont destinées les 500,000 broches actuellement en construction. Or, la torsion étant moindre pour les fils d’une extrême ténuité, on n’y peut employer que des filamens d’une longueur, d’une élasticité et d’une consistance exceptionnelles. Une seule espèce de lainage réunit complètement les qualités requises pour la filature des cotons titrés au-dessus de 120, c’est-à-dire
- ↑ Cette citation est reproduite dans les pièces annexées au dernier message du président.